La Confédération Syndicale des Travailleurs du Bénin (CSTB) dénonce le communiqué du procureur de la République, Jules Ahoga sur la détention des personnes arrêtées le 1er Mai 2024. Pour la Confédération, le procureur a inventé les charges de consommation de cannabis contre ces détenus et viole les libertés démocratiques. La CSTB proteste contre la tentative de son humiliation par le procureur Jules Ahoga et contre la torture physique et morale, l’humiliation et l’incarcération des travailleurs et exige leur libération immédiate sans condition. Lisez la déclaration du Secrétaire Général de la CSTB, Nagnini Kassa Mampo en date de ce mardi 07 mai 2024
CONFEDERATION SYNDICALE DES TRAVAILLEURS DU BENIN (CSTB) 03 B.P. 932 Cotonou Tél. : (00229) 67-08-61-14 / 95-22-48-34 / 64-58-00-86 Email :cstbsn@yahoo.fr / SiteWeb : www.cstbbenin.org
Déclaration de la CSTB sur l’arrestation et la détention arbitraires des travailleurs en route pour la célébration du 1er mai 2024 , fête du travail: Le procureur Jules AHOGA l’artisan de la répression se met à nue.* Les faits : La CSTB a appelé les travailleurs et toutes les couches qui souffrent et se plaignent de sortir massivement le mercredi 1er mai 2024, pour manifester partout sur toute l’étendue du territoire à travers des meetings ou marches pacifiques *contre la faim, la vie chère, les brimades et répressions , l’insécurité et pour la souveraineté de notre pays* . A Cotonou, une marche pacifique a été programmée à partir de la place de l’étoile rouge pour chuter à la Bourse du Travail en passant par le commissariat central suivie d’un meeting. Des formalités administratives ont été remplies auprès des autorités compétentes. Les mêmes formalités ont été faites dans d’autres villes du pays où la même marche a été programmée. Le mercredi 1er mai, le gouvernement du président Patrice TALON a déployé la police républicaine dans toutes les villes où la marche été programmée pour empêcher la célébration du 1er mai, fête internationale du travail par la CSTB.A Cotonou, toute la place de l’étoile rouge,lieu du rassemblement des manifestants, a été bouclée interdisant tout accès à cette place.La Bourse du travail aussi était ceinturée par la police. Tous les carrefours de ville étaient occupés par la police républicaine comme si le pays était en état de guerre. C’est dans cette position d’intimidation que s’etaient mis les éléments de la police sous ordre du Directeur Général de la Police Républicaine (DGPR) Soumaïla YAYA , lui même , présent sur le terrain. Malgré toutes les dispositions policières dissuasives les travailleurs de toutes catégories ont répondu à l’appel de la CSTB en sortant massivement.La marche a eu lieu jusqu’à quelques dizaines de mettres de la bourse du travail où le DGPR lui même a ordonné de tirer des gaz lacrymogènes sur les manifestants pour les disperser. Après cette violente répression les manifestants se sont retrouvés en meeting dans la cour de la bourse du travail où plusieurs messages de protestation contre cette barbarie, la faim et la vie chère ont été présentés. Mais très tôt avant le démarrage de la marche, la police faisant la patrouille a arraisonné trois bus pleins en circulation transportant des travailleurs allant à la célébration du 1er mai qui ont été conduits directement au commissariat central de Cotonou. Au total, 72 personnes , pour la plupart, provenant des 03 bus ont été arrêtées puis conduire à la direction de la police judiciaire où après audition on leur retient comme chef d’accusation, attroupement non armé. Après de petites vagues de libérations par la police et au tribunal, 42 personnes restantes ont été retournées et reparties dans les commissariats d’arrondissement de Cotonou. Le dimanche 05 mai 2024, sans prévenir l’avocat en charge du dossier, sans informer les parents des mis en cause, la justice béninoise aurait procédé , après menaces de les envoyer en prison s’ils s’y opposaient, au prélèvement de leurs urines. Des tests effectués, on ne sait par qui et dans quel laboratoire, 21 personnes seraient testées négatives de consommation de cannabis et libérées ce lundi soir et les 21 autres qui seraient testées positives de consommation de cannabis sont sous mandat de dépôt et déposées à la prison civile de Cotonou. Leur procès est prévu pour le mercredi 08 mai 2024 au tribunal de de Cotonou. Un communiqué du *procureur Jules AHOGA* déclare : « …il est établi que ces personnes ont été recrutées dans des quartiers de Cotonou pour troubles à l’ordre public. Elles ne justifient pas de la qualité de travailleurs …» .Voilà quelques affirmations graves qu’on peut lire dans le communiqué du procureur de la république à charge du dossier. Où sont les faits qui établissent que les 21 personnes veulent créer de troubles à l’ordre public alors qu’elles sont encore en circulation dans le bus? Comment peut-on établir que des citoyens non armés et qui sont en circulation veulent troubler l’ordre public ? C’est pourtant le *procureur Jules AHOGA* qui , après tergiversation avait libéré 12 personnes le vendredi 03 mai dernier et a retenu contre les 42 autres les charges *d’ attroupement non armé* pour des gens qui voyageaient dans des bus. Trois jours après , il les poursuit pour détention et consommation de cannabis parce qu’ils n’ont pas pu prouver qu’ils sont travailleurs et avec intension d’aller casser on ne sait quoi et il aurait trouvé des traces de cannabis dans leur urine. Ce procureur à ordre, prête des intentions à des innocents pour atteindre son objectif criminel qui est de les mettre gratuitement en prison alors que le procureur de la république doit agir au nom de la société et non sur ordre du pouvoir politique contre les honnêtes citoyens. Il dit qu’ils ne justifient pas de qualité de travailleur. Un sans-emploi, un chômeur, un radié ou un licencié des sociétés d’Etat, un déguerpi du bord des voies par le pouvoir, un homme qui va louer pouce-pouce le matin et le rendre le soir, un releveur ou un tâcheron n’est-il pas un travailleur ? La notion de travailleur reste à comprendre par ce procureur. La charge retenue contre les camarades ne tient pas et donne les signes d’un procès politique dont seul le procureur répondra devant le tribunal populaire. CONCLUSION Vu l’implication du gouvernement par la présence du DGPR lui même sur les lieux de répression des manifestants , on peut affirmer sans risque de se tromper que c’est sur ordre des autorités au plus haut niveau que le procureur Jules AHOGA a inventé des charges contre les citoyens qui ont décidé de participer à la marche du 1er mai 2024. Le gouvernement tente une fois encore de justifier de façon grotesque la violation des libertés démocratiques , notamment syndicales par le mensonge. La CSTB est une organisation dont l’image est reconnue au Bénin et à l’internationale . Elle organise des manifestions depuis plus de trente sans aucune difficulté. Elle proteste contre la tentative de son humiliation par le procureur et contre la torture physique et morale, l’humiliation et l’incarcération des travailleurs et exige leur libération immédiate et sans condition .Elle appelle les travailleurs et les peuples du Bénin au courage, à la détermination pour exiger la libération des camarades emprisonnés et pour la satisfaction des revendications. Elle rend le procureur Jules AHOGA responsable de la violation des droits des travailleurs. Elle félicite et remercie tous ceux qui se mobilisent et soutiennent les camarades en détention en exigeant leur libération et/ou en organisant des souscriptions volontaires pour eux ou encore en signant des pétitions pour exiger leur libération.
Libérez les 21 citoyens arbitrairement détenus !
Cotonou, le 07 mai 2024
Le Secrétaire Général Confédéral Nagnini KASSA MAMPO.