Le Bénin peine à amorcer son développement, freiné par des comportements de mesquinerie et de méchanceté au sein de ses entreprises. Cette dérive est relevée par le Sociologue Jules Affodji . Il lance à cet effet un appel pour un retour aux valeurs afin de redresser la nation . Lisez sa tribune.
Le règne de la mesquinerie et de la méchanceté !
Nous ne cesserons jamais de soutenir que la croissance économique passe par des valeurs; car pour espérer quelque chance de succès comme pays en voie de développement, le Bénin devra davantage faire preuve d’une certaine décence, de sobriété, sinon d’humilité, que de la morgue et de l’arrogance qu’affichent certains cadres mal cadrés de nos entreprises publiques ou privées. Ces hommes et femmes de nos entreprises qui sabotent les intérêts de ces dernières ne doivent jamais oublier qu’ils sont là pour les intérêts du Béninois.Si nous devons dresser l’état des lieux, c’est effarant voire ahurissant, pour emprunter un extrait du poème du prix Nobel de la littérature irlandais William butler Yeats : « Tout se disloque. Le centre ne peut tenir. L’anarchie se déchaîne sur le monde (…..). les meilleurs ne croient plus à rien, les pires se gonflent de l’ardeur des passions des mauvaises ».
Bien que centenaire, cette poésie, cette œuvre de la poésie moderniste, datant de 1919, dépeint un monde inquiétant, qui pourrait bien être celui d’aujourd’hui. Les valeurs fondamentales de notre société, la société béninoise sont en train d’aller à la dérive.
Certainement, oui ! vu que la gouvernance de la croissance économique ne repose pas sur des valeurs fondamentales comme sentiment de profond attachement à son prochain et à sa patrie ; comme action de créer les conditions matérielles, psychiques et intellectuelles pour que la vie humaine, en tant que valeur suprême dans l’échelle des droits de l’homme, soit sauvegardée et se développe dans ses fonctions de base, comme également le sens élevé de responsabilité, c’est-à-dire la forte conscience d’assumer une charge et de répondre aux conséquences qui en découlent ont disparu de l’existence de l’être béninois.Le Dahoméen, le Béninois d’aujourd’hui, disait Emmanuel Mounier, philosophe catholique français, je cite : « le Dahomey est le quartier latin de l’Afrique ; mais cet intellectualisme fait de mesquineries et de méchanceté est de nature à enterrer définitivement le développement de ce pays ».
Ce philosophe porteur du courant personnaliste du 19è n’a pas manqué de mettre la lumière sur le mal du Bénin. Il a observé le Béninois dans son fond et tréfonds. Nous ne sommes point un mauvais citoyens, ni un apatride, nous ne peignons pas les bonnes réalisations de notre patrie en malheur, en calamité. Le Bénin est véritablement malade de ses hommes et de ses femmes. Le malaise du béninois est profond au point où il s’enrage, il s’écume, il gémit sous le poids de la méchanceté ; puisque l’autre, son vis-à-vis progresse, vise l’excellence.C’est déplorable !
le Béninois retarde son propre développement et refuse son épanouissement voire prospérité. Changeons de paradigme afin d’amorcer le progrès. Le bonheur n’est pas ailleurs, il est en nous.
Jules AFFODJI