(Réponse à Ousmane Batoko )
Ousmane Batoko n’a pas dit la vérité sur les actes de tortures perpétrés sous le règne du Parti de la Révolution Populaire du Bénin ( PRPB) lors de son passage dans l’émission Notre Histoire. C’est ce qui ressort du communiqué de l’Organisation de Défense des Droits de l’Homme ( ODHP) et des Peuples sorti ce 1er novembre 2024. Ce sont les ténors du PRPB dont Ousmane Batoko, Ministre du régime, qui ont décidé des tortures, souligne le communiqué. En outre, tous les victimes du régime n’ont pas été indemnisées contrairement aux propos du camarade révolutionnaire à en croire l’ODHP. Crystal News vous donne à lire l’intégralité de son communiqué.
Les propos d’Ousmane Batoko sur le régime du PRPB : De l’impunité à l’arrogance des tortionnaires
ORGANISATION POUR LA DEFENSE DES DROITS DE L’HOMME ET DES PEUPLES (ODHP)COMMUNIQUE DE PRESSE
Les propos d’Ousmane Batoko sur le régime du PRPB : De l’impunité à l’arrogance des tortionnaires
Le 26 octobre 2024, Ousmane Batoko, ancien ministre sous le pouvoir du PRPB a été reçu sur l’Emission « Notre Histoire » de la radio en ligne Crystal News, sous le thème « Les vérités de Ousmane Batoko sur le régime du PRPB ». Outre ses élucubrations en termes d’éloge à ce régime, répondant aux questions du journaliste sur les actes de torture sous le régime du PRPB, il déclare en substance que « personne n’a dit de torturer quelqu’un ». Il poursuit en disant que « …lorsqu’un chef de poste de commandement opératoire qu’on appelait à l’époque PCO se trouve confier des personnes afin de les amener à dire la vérité sur leur pratique, je ne suis pas de ceux qui vont dire à ce chef d’utiliser des moyens extralégaux pour obtenir des aveux. Cela n’a jamais été dit nulle part qu’il faut les torturer….Je suis comptable de tout ce qui s’est passé à l’époque. » Il ajoutera que « les victimes ont été indemnisées »Face à ces déclarations arrogantes et mensongères, l’ODHP tient à faire les observations suivantes.
1- Le meilleur jugement qu’on puisse porter sur ce régime abominable et de calamité nationale de Mathieu Kérékou-PRPB a été fait par notre peuple qui l’a balayé par une insurrection mémorable le 11 décembre 1989 en prenant les rues à Cotonou pour embraser tout le pays le même jour. L’Histoire qui trace les exploits du peuple ne saura oublier la responsabilité des dirigeants dans les crimes politiques et de sang commis sous ce pouvoir dès son avènement et surtout à partir de 1975.2- Batoko avance que « lorsqu’un chef de poste de commandement opératoire qu’on appelait à l’époque PCO se trouve confier des personnes afin de les amener à dire la vérité sur leur pratique,…il n’a jamais été dit nulle part qu’il faut les torturer ». C’est archi-faux.
a- Ce sont les dignitaires du régime, Président de la République, ministres, préfets, chefs de district (Batoko en était un à Savalou) qui ont décidé et exécuté les tortures contre des milliers de gens paisibles, des Rois, Chefs et adeptes des religions traditionnelles au nom de la fameuse « lutte contre la féodalité et l’obscurantisme ». C’est le pouvoir de Mathieu Kérékou qui dans ses discours et directives publics contre les manifestants étudiants et scolaires pacifiques et non armés (notamment en 1979 et 1985) ordonnait de « tirer à vue et sans sommation sur tout attroupement ». Les archives pullulent dans Ehuzu, et autres journaux, ainsi que sur les enregistrements sonores de l’ORTB sur ces faits.
b- Ensuite, s’il n’a « jamais été dit nulle part qu’il faut torturer », mais pourquoi donc aucun des auteurs des tortures et assassinats n’a jamais été interpellé et puni ? Pourquoi donc les assassins de Michel Aïkpé, Parfait Atchaka, Rémy Akpokpo-Glélè, Luc Togbadja, Bakary Razak, etc. etc. n’ont-ils été jamais interpellés, jugés et sanctionnés par le pouvoir du PRPB?!
3- Si Batoko se permet de mentir à propos de la responsabilité des commanditaires, c’est à cause de l’absence de jugement public de ces crimes et de leur impunité. Une commission officielle, la Commission interministérielle créée par Décret N° 91-95 du 27 mai1991 dite Commission Mayaba, dans son rapport a soutenu la demande démocratique évidente d’un jugement public par les tribunaux. C’est l’impunité, « le pardon sans confession ni pénitence » accordée aux tortionnaires et à leurs commanditaires dont le Chef Mathieu Kérékou par le régime du Renouveau dit Démocratique, qui permet à Batoko, promu jusqu’à la Cour Suprême de mentir sans honte sur cette période dramatique.
4- Ousmane Batoko dit que les victimes des tortures ont été indemnisées. C’est absolument faux en ce qui concerne les milliers de paysans, artisans, fonctionnaires et employés, élèves et étudiants détenus et/ou poussés à l’exil pendant des années. Aucune de ces victimes n’a reçu l’indemnisation pour les dégâts physiques, matériels et préjudices moraux. Seuls ses pairs, revenus au pouvoir sous le Renouveau tels Emile Derlin Zinsou, Gratien Pognon, Adrien Houngbédji et Cie ont été indemnisés. Quant à la grande majorité des victimes, femmes et hommes, ils continuent d’exiger avec le peuple, justice et réparation.
5- C’est pendant que le peuple se bat pour en finir avec une nouvelle dictature autocratique, celle de Patrice Talon, permise entre autre par l’impunité et la banalisation des crimes politiques que Batoko Ousmane parle et disculpe les tortionnaires et leurs commanditaires. Le peuple qui a souffert et souffre sous les pouvoirs de dictature autocratique saura répondre en son temps et heure.En ce qui concerne l’ODHP, elle dit halte à la profanation de la mémoire des martyrs et des torturés.
Cotonou, le 1er Novembre 2024
Le Bureau Exécutif National