Radji Latifou, l’étudiant et détenu politique mort en prison le 1er juillet 2024, figure parmi les dix personnes libérées par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) le 30 septembre 2024. Cette décision de justice intervient près de quatre mois après la mort de Latifou en détention.
Radji Latifou est décédé au Centre Hospitalier Universitaire Départemental de l’Ouémé et du Plateau à Porto-Novo. L’étudiant, interpellé lors des violences électorales de 2019 et arrêté en 2020 à Savè, avait été accusé d’« actes de terrorisme » et de « vente illégale d’armes à feu ». Il est mort sous assistance respiratoire, une main menottée à son lit d’hôpital, sans avoir été jugé. Sa disparition a mis en lumière les conditions de détention dans les prisons béninoises, en particulier pour les prisonniers politiques.
C’est la CRIET qui a ordonné la libération de Radji Latifou, ainsi que de neuf autres détenus : Oloni Edgar, Akinde Gilbert, Assogba Yaya, Chabi Éric, Sika Constant, Boni Alphonse, Ali Djagbo Gervais, Affouda Maxime et Tidjani Taibath. Ils étaient tous poursuivis dans le cadre de l’affaire Faleti Biaou Falleti, alias « Général Falleti », accusé d’avoir orchestré des actes de terrorisme et une vente illégale d’armes à feu. La commission d’instruction de la CRIET a prononcé un non-lieu partiel en faveur de ces coaccusés, mettant ainsi fin à près de quatre ans de détention provisoire.
Par ailleurs, Agani Alfred et Prudence Faleti ont été retenus devant la chambre correctionnelle pour répondre à des charges supplémentaires dans le cadre de cette même affaire.
La libération posthume de Radji Latifou soulève des interrogations sur la gestion des détenus politiques. Certes, la décision de la CRIET permet à plusieurs détenus de recouvrer leur liberté, mais la mort de Radji Latifou reste un passif pour le système judiciaire béninois.
Samuel HOUNDJO