Le Promoteur du quotidien l’Événement Précis, Dr Gérard Agognon rend hommage à Jérôme CARLOS. Ceci dans le cadre de l’initiaitve Trente jours d’hommage à Jérôme CARLOS. Lisez plutôt.
Jérôme Carlos, un artisan du succès
Doyen Jérôme CARLOS. Comme il est difficile pour moi, ton disciple inconsolable, de rédiger ce témoignage, pour te rendre ce dernier hommage! Tellement j’ai mal ! Je sais que ce texte ne pourra pas exprimer tout ce que j’ai envie de te dire, mais je voudrais que toutes les personnes qui le liront sachent à quel point, Jérôme CARLOS nous manque déjà.
À la suite de l’écrivain français Emmanuel Mounier, nous pouvons à juste titre dire que Le Quartier latin de l’Afrique Noire vient de perdre son génie des médias. Jérôme CARLOS laisse à la presse béninoise, au Bénin et à l’humanité, l’une des plus extraordinaires leçons : le professionnalisme aigu et la quête du succès. Il était un complice. Depuis que le doyen Jérôme CARLOS m’a connu en 1999, il ne m’a plus lâché. Nos liens se sont renforcés au fur et à mesure que j’allais lui déposer un courrier, un communiqué de l’ex Union des Journalistes de la Presse Privée du Bénin (UJPB), devenue Union des Professionnels des Médias du Bénin (UPMB). Il me faisait toujours attendre pour m’encourager. Notre proximité est devenue totale en 2001.
Sélectionné parmi des journalistes à la suite d’un rigoureux appel à candidatures lancé par l’UJPB, alors présidée par Agapit Napoléon MAFORIKAN, nous devrions prendre part à Cotonou, à une session de formation de 30 jours sur les Techniques Rédactionnelles en Presse Ecrite. Le doyen Jérôme CARLOS était le Coordonnateur Général de cette session de formation organisée au profit des journalistes de moins de cinq ans d’expérience professionnelle. Animé d’une inébranlable volonté de professionnaliser le secteur des médias, fortement critiqué à l’époque, le doyen Jérôme CARLOS a imprimé à cette première grande session de formation un rythme en triple : ponctualité, sérieux et rigueur. Cela nous a tous marqués et même façonnés. Cette cohorte de journalistes formés par le maitre lui-même est baptisée par le doyen Jérôme CARLOS, promotion » AGBÉHOUNKPAN ». La photo de famille de cette promotion de journalistes, posée à l’époque au fronton des locaux de CAPP FM, à l’ancien siège de la radio, était évocatrice de l’espoir que portait le doyen Jérôme CARLOS à cette jeune promotion. Le message poignant : « Un lâcheur ne gagne jamais, un gagneur ne lâche jamais », inscrit au bas de cette photo de famille interpelle plus d’un. Moi plus encore, pour avoir eu le privilège d’être disciple du doyen et coaché, dès 2006, par Jérôme CARLOS lui-même. Vingt ans après cette formation mémorable, la promotion » AGBEHOUNKPAN » a pris l’initiative de rendre un vibrant hommage anthume au vénéré Doyen CARLOS. Les modalités sont retenues à la suite de plusieurs réunions et le format défini. Il ne restait plus qu’à choisir la date, avec l’accord du doyen lui-même. Mais la santé de Jérôme CARLOS a retardé ce vieux projet.
Une initiative similaire, entreprise récemment par le président Agapit Napoléon MAFORIKAN, Directeur Général de E-Télé et à laquelle j’étais convié, a été reportée à la dernière minute. La raison était celle de la santé du doyen Jérôme CARLOS. Sa santé défaillante ne pouvait pas lui permettre d’effectuer le déplacement ce jour-là. Nous sommes aujourd’hui tristes et malheureux de n’avoir pu, de son vivant, concrétiser ce projet.
Personnellement, j’ai beaucoup à dire sur notre baobab que nous pleurons tous. Lorsque l’équipe de journalistes que je conduisais lui a présenté le modèle de fondation du quotidien L’Evénement Précis, le doyen Jérôme CARLOS a tout de suite applaudi et dit « Bravo ! Je bouffe ça cru. Ce n’est pas un journal de plus. Mais c’est un très bon modèle qui va durer ». Et depuis, il était devenu le mentor du journal L’Evénement Précis qu’il affectionnait lire et soutenir. Un coup de fil pour nous donner des conseils, des orientations et recommandations n’a jamais manqué. C’était très fréquent. Je dirai même régulier. Lorsque le doyen Jérôme CARLOS apercevait des fautes à la lecture du journal L’Evénement Précis, une analyse mal achevée ou mal faite, il n’hésitait pas à nous réprimander sans ménagement, et même à nous convoquer pour une séance d’explication. Le doyen Jérôme CARLOS aimait aussi très sérieusement nous présenter des félicitations et encouragements lorsqu’il était satisfait d’une production, surtout de l’Edito ou d’une parution. Nos séances semestrielles d’échanges avec le doyen Jérôme CARLOS sur le fonctionnement du quotidien l’Événement Précis étaient des occasions d’approfondir le management organisationnel, mais également pour nous complimenter et nous orienter vers un partenaire. Le doyen Jérôme CARLOS affectionnait tellement le quotidien l’Événement Précis qu’il a fermement donné des instructions pour que son journal soit cité particulièrement dans la revue de presse. Le journal co-animait des émissions avec la radio Capp-Fm. Cette proximité m’a permis de découvrir, par ailleurs, d’autres pans de l’efficace contribution de la revue de presse en langue nationale fon et d’y consacrer plus tard, en 2020, ma thèse de doctorat. Lorsque la maladie a, tout au début, réduit la mobilité du doyen Jérôme CARLOS, c’est à sa résidence à Porto-Novo que nous nous rendions pour cet exercice palpitant.
L’autre aspect de la personnalité du doyen Jérôme CARLOS que je m’en voudrais de ne pas mentionner ici, c’est son honnêteté que j’essaie d’imiter. Figurez-vous ! lorsque la radio du succès, Capp-fm, qu’il dirigeait, avait été suspendue début novembre 2009 pour une durée d’un mois par la HAAC, pour avoir diffusé un programme d’émission religieuse : « La Voix de la Sentinelle », considérée comme étant grave et capable de porter atteinte à la sureté de l’Etat, le doyen Jérôme CARLOS, directeur de la radio Capp-Fm, n’a pas hésité à confesser à la délégation du Conseil National du Patronat de la presse et de l’audiovisuel du Bénin (CNPA-Bénin), que j’ai l’honneur de conduire en tant que Secrétaire Général, ce qui suit :« Ils ont raison de prendre cette décision. Faites ce que vous pouvez pour nous aider à lever la sanction parce qu’un mois c’est trop !». Cette franchise et surtout cette honnêteté à se reconnaitre en faute nous a marqués. Cela a facilité les choses dès que le CNPA-Bénin a engagé un plaidoyer et même une pétition en faveur de la levée de la suspension de la radio capp-fm.
Le décès du doyen Jérôme CARLOS est une énorme perte pour le Bénin et principalement pour nous hommes des médias. C’est un baobab qui est tombé. Je salue ici la mémoire de ce grand Homme au brillant parcours.
Le doyen Jérôme CARLOS est un homme exceptionnel. Un Homme de grand savoir, un puits de connaissances immenses. Je puis vous témoigner qu’il a apporté une brillante contribution au succès des états généraux de la presse béninoise, le premier du 18 au 22 novembre 2002 et le second des 19, 20 et 21 février 2014. Ne parlons plus de son investissement quotidien à la citoyenneté ! Jérôme CARLOS a beaucoup apporté à la presse béninoise. C’est peu dire que de réclamer ici et maintenant que l’Etat immortalise le doyen Jérôme CARLOS! On n’est jamais préparé au départ d’une personne que l’on a aimée pendant toute sa vie. C’est le cas avec Jérôme CARLOS qui laisse un vide dans mon cœur et dans celui de tous les membres de notre famille professionnelle. Doyen Jérôme CARLOS, la tristesse qui est née en moi, quand tu nous a quittés, n’a d’égale que la joie d’avoir eu l’occasion de faire partie de ta vie. Merci pour toutes les expériences. Merci pour tous les souvenirs.
Dr. AGOGNON GÉRARD
Enseignant-Chercheur / Journaliste – Promoteur du quotidien l’Événement Précis