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Le Professeur Simon-Narcisse Tomety s’adresse aux Béninois au sujet des maux qui minent notre société. Lesquels inhibent toutes les actions de développement et compromettent le vivre ensemble. C’est un portrait du Béninois qui pense à lui sans penser au pays, à l’intérêt général. À ces maux , il trouve une solution. Lisez l’intégralité de cette tribune du Professeur Simon-Narcisse Tomety.
Béninois : qui est-il pour son pays?
Tous les problèmes du Béninois viennent de ce qu’il ne veut prendre aucun risque d’intérêt général. Son individualisme et son égoïsme font qu’il s’enferme dans un opportunisme de chasseur de postes, de prestige et d’argent faciles à tel point que seules comptent sa belle vie et celle de sa famille. Ses relations aux autres se réduisent à une fausse démonstration de solidarité et de compassion à condition que de telles attitudes lui procurent le sentiment d’être l’assistant social incontournable reconnu, une sorte de dominateur corrupteur corrompu. Aucun pays ne pouvant se réformer et se développer avec de tels mentalités et comportements sauvagement égoïstes et égocentriques, le Bénin se sous-développe et quelques individus se croient développés dans cette baie des cochons.
Les Béninois ont une seule cause commune : comment profiter de leur pays et des autres. Cette attitude de fumisterie se trouve fortement implantée dans toutes les consciences sans compter chez le professeur des universités, l’homme de Dieu, l’homme politique, le fonctionnaire civil et militaire, le paysan, le commerçant, le vieillard de 80 ans et l’enfant de 8 ans.Tout le monde sait que le Bénin patine avec nos gênes pathologiques à préférer le mensonge à la vérité, la haine à l’amour, la peur au courage, la gourmandise au partage, l’individualisme à la coopération, la méfiance à la confiance. Pays de trouillards et des coups bas, ce que le Béninois déteste le plus c’est le SACRIFICE pour le pays; et quand quelqu’un par conviction, foi et devoir accepte de s’y aventurer pour faire avancer quelques causes humanistes, il est gratifié de toutes sortes d’énormités de la part de ceux qui pensent que la réussite sociale se limite aux postes occupés, aux biens matériels accumulés et aux décorations. Mathieu KEREKOU disait à Boni YAYI que ce pays est petit mais son poids est lourd à porter. Il ne disait rien d’autre que d’affirmer sur la base de sa longue pratique du pouvoir que le Béninois est compliqué avec un Bénin de toutes les complexités inimaginables. Nous n’avons aucune offre de sagesse pour corriger cette tare faite d’un mélange de sournoiserie, de comportement de prédateur et de méchanceté, pourtant chacun se plaint au quotidien de ce malaise social qui gangrène la vie de tous les Béninois empêchant le VIVRE ENSEMBLE et la SOLIDARITÉ NATIONALE. Boni Yayi lors d’une visite pour constater de visu le niveau d’avancement des réformes au port, pris de colère par les incongruités observées, lâcha deux notions inédites: réformer l’irréformable en se demandant si l’irréformable est un mot qui existe. Dans cet élan de déception, il parla aussi de dictature de développement c’est-à-dire contre vents et marées, les réformes doivent être faites. C’est l’histoire aventureuse de la crise systémique des valeurs et de la crise sans fin des réformes. On est tout le temps entrain de réformer mais rien de solide et de durable ne s’observe. La moralité de cette colère c’est que le Béninois s’aime, pense énormément à sa panse et à réussite personnelle mais se passionne peu pour l’intérêt général. Même en volant plus que tout le monde, il n’a aucun scrupule en désignant les autres de prédateurs. C’est pourquoi notre justice est celle des fortunés et des forts, ceux-ci ont droit à tous les égards. Patrice TALON parlant de désert de compétences fait la synthèse de KEREKOU et de YAYI en mettant en exergue une pauvreté d’hommes et de femmes en courage et audace, surtout des cadres souvent poltrons et corrompus visant à leurs postes de responsabilités, d’abord leurs profits personnels avant de songer à l’intérêt collectif. Je m’en tiens à ce pan comportemental du désert de compétences. Le Bénin s’est embourbé dans le drame perpétuel et ce qui appartient à tout le monde n’a pas de propriétaires, et chacun peut en faire ce qu’il veut. N’allons pas chercher plus loin pourquoi sommes-nous un pays de patineurs sans patins. Nous n’aimons pas dire clairement les choses, personne ne comprend avec sincérité l’autre, alors chacun est dans son cocon et son jeu assassinatoire pour contempler le pourrissement. Beaucoup sont de faux conseillers, de faux proches et de faux parents ou de faux amis. Certains ne sont révolutionnaires que dans leurs chambres. Quelle lâcheté face à la misère mentale ambiante? Quelle honte de côtoyer tant de grands diplômés et hauts dirigeants irresponsables face au bien commun et au bonheur partagé. Chacun veut vivre sans aucune prise de risque d’intérêt général. Tout le monde a peur de la prison et de la mort. Mais combien ne sont-ils pas comme des prisonniers qui s’ignorent? Être en liberté ne veut nullement dire qu’ont est un homme libre. La liberté de mobilité est loin d’être ce qui est recherché par l’homme conscient pour son épanouissement. La mort qu’on brandit est la pire des imbécilités humaines. C’est comme chez le coiffeur, chacun à son tour. Voilà ce qui fait le traumatisme collectif des cadres béninois. Dommage! Le Bénin est un pays émotionnellement en panne et en sortir, il vaut mieux prendre au sérieux l’instruction civique des enfants. Mais que vaut l’éducation à la citoyenneté sans un corps d’élites exemplaires servant de modèles à ces enfants. L’argent facile et le pouvoirisme ont tué le sens de l’honneur et de la dignité chez le Béninois. Notre société est dans un décor moral grave et pire qu’un pays rasé par une bombe atomique. Un autre Bénin est certainement possible physiquement mais le Bénin de la sagesse et de la synergie c’est peut-être pour un jour mais très loin de nous. Peut-être qu’un jour, face à l’écroulement inévitable, nous allons nous ressaisir par un sursaut du refus de la perdition totale. Notre démocratie du silence, de la peur et du profiteur solitaire a encore son poids dans nos consciences d’hypocrisie et de méchanceté.Combien de chansons béninoises ne portent-elles pas sur “gbèto da” (homme mauvais)? Depuis Poly Rythmo, combien de vedettes n’ont pas joué leur partition éducative? Les prières suffiront-elles pour une prise de conscience collective? Je n’en sais rien!
Auteur : Simon Narcisse TOMETY
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1 commentaire
Un exposé éclaire d’une observation sociale objective, des attitudes et comportements individualistes et non citoyens. J’ai écouté, réécouté avec plaisir et satisfaction votre lecture que je trouve personnellement riche en alerte et en éveil de conscience pour l’Élysée. J’aimerai ajouté quelques observations sans rien extraire à votre appréhension. Dans une économie sous perfusion où les efforts des humains sont à leurs pics, face à une politique socialiste à sens unique, une misère dictant son autorité, une manque expressif de mépris à l’endroit d’une jeunesse empreint de qualifications et diplômes, la reconversion s’est imposée. Conséquence, le pays abonde de prostituées et de cybercriminels, un fait qui inquiète l’État. De la bienveillance ou de l’ironie? Nos parents nous ont montrés le chemin de l’école, ont investi espérant qu’au terme de nos études nous soyons utilitaires autant pour la nation que pour eux. Mais, malheureusement, le constat est tout autre objet d’amertume pour des parents et de désolations pour les jeunes. La question que je me pause, vu le nombre de diplômés oisifs dans le pays, quel chance pour la jeunesse analphabète ou celle qui de niveau inférieure? Les plus hardis d’entre nous se jettent sans alternative sur des offres d’emplois aliénant, esclavagistes proposés par des employeurs sans scrupules avec des salaires de mésestime à la valeur humaine et qui, pour je pense ne suffisent qu’à la couverture de transport le moi durant. Des rémunérations de 20.000, 30.000 et 42.000 par certaines entreprises privées alors que le smig est passé 52000f? On se demande ou est la l’égalité salariale dans notre État. Faut il une éternité pour les entreprises pour reconsidérer et observer l’augmentation du smig? Des entreprises pour certains demandes des années d’expériences alors qu’il avoir eu la chance d’être embauché pour prétendre une expérience alors qu’on a de jeunes impétrant doté d’automatisme favorable à l’adaptation et que sais-je d’autre. Quand nous avons des projets d’envergures et pas de connaissances à leur mise en oeuvre, avec les structure d’appuis sélectives aux financement, je me pose souvent la question de savoir quels politiques visant à faire de notre masse un atout à l’économie ? Quel politique de suivi et financement aux plus objectifs, créateurs, rêveurs pleins d’aspirations et vecteurs de retombées pour la nation ? Les plus brillants manquent d’opportunités et sont témoins de mépris de ceux qui tantôt par avarice, haine, défaillance de patriotisme ne veulent être impliqués dans l’ascension d’un ou de prodige(s) du pays. On se soucie point de celui à côté: le nécessiteux, le patraque et mourant. Les chèques ne concours que lors des obsèques expression d’affection et de soutien pour ses offrants. Un monde où l’on ne se souci pas du vivant ou du malade, mais on en a pour les morts. Quand tu appelles en tant que jeune à une mobilisation financière regroupant les jeunes oisifs comme toi de ton voisinage et peut être de ta promotion pour mettre sur pied une entreprise d’envergure, ils te trouveront comme cybercriminel. Alors quand l’État organise un concours pour nombre limités, des dizaines de milliers y participe avec l’espoir ou la chance d’être retenu. De toute évidence, il n’y seront pas tous qu’adviendra t-il des frais de participation qui ne peuvent être restitués? Refuser la coopération par préférence à l’individualisme. C’est un constat triste. La population a un faible pourvoir d’achat. l’État s’enrichit au détriment de la population. Quelle notion avions nous du développement ? Celle où le progrès est institutionnelle, étatiques et que le peuple le caractérisant vit dans la chaumière ?