La machine à verve ne tourne pas quand le verbe n’a rien à dire à l’intelligence humaine sur la base d’un esprit illuminé. Lorsqu’un peuple africain cultive une peur imposée et déstructurante de l’harmonie sociale, il faut toujours s’en méfier car l’Afrique n’est ni l’Asie ni le moyen Orient ni l’Amérique latine.
– La faim et la misère galvanisent les Africains alors que sur les autres continents, elles anéantissent leurs peuples. Aucun pouvoir politique ne peut programmer quand un peuple africain sera prêt pour s’enrager contre ses persécuteurs.
Tout pouvoir politique qui ne fait pas de la lutte contre la précarité collective son combat décisif et s’emmure dans les fantasmes d’une modernité décalée prépare une tempête ravageuse qui emporte tous les systèmes suprématistes et leurs certitudes.
Quand le suprématisme du pouvoir de l’argent fortifie l’homme à la tête de l’État,
c’est par ce même pouvoir de l’argent qu’un tel homme s’affaiblit jusqu’à être banalisé en lui ôtant ses balises de puissance d’orgueil. C’est pourquoi, la seule sagesse du roi est l’exercice du pouvoir dans la dignité de son peupleet c’est qui peut le rendre lui-même digne.
– La chaîne de confiance est la plus déterminante dans l’exercice du pouvoir d’État à travers sa chaîne décisionnelle.
Si elle venait à rompre, c’est toujours pour cause de goût démesuré pour le pouvoir et des choses qu’on cache dans sa propre histoire que beaucoup finissent par savoir, surtout le peuple lui-même. Rien de l’homme n’est énigmatique jusqu’à la fin des temps, même si l’homme produit des secrets qui finissent par s’évaporer comme un gaz d’échappement. Si ce n’est pas la parole, le regard, les comportements et les actes qui vous dénoncent, ce sont vos traces qui vous trahissent parce que la vie n’est qu’un enchaînement de traces; et plus on cherche à les effacer, plus les indélébiles vous échappent pour l’histoire.
– Un peuple sait toujours ce que valent ses dirigeants au-delà des statistiques de réalisation et des discours séraphiques bien enjolivés et obéissant aux normes de blanchiment politique des mensonges et manipulations.
– Tout homme a besoin d’une dose d’orgueil mais l’inflation d’orgueil devient une pathologie de raréfaction de l’humilité et d’esprit d’ouverture.
– Laissez vos peuples vous dire ce qu’ils aiment dans ce que vous faites de bien et ce qu’ils détestent dans ce que vous faîtes sans éthique.
La reddition de compte à un peuple n’est pas une activité de vulgarisation de ce que vous croyez avoir réalisé. Si le peuple y trouve son compte, c’est que la réalisation sert et est approprié, et le peuple est satisfait.
– Un peuple satisfait n’a pas besoin d’un détecteur spécial de mesure de sa joie.
L’épanouissement de l’homme transparait dans son visage et sa vie quotidienne d’où le lien entre fierté d’un peuple et la fierté nationale. La nation n’existe pas pour un peuple qui n’est pas encore fier de la gouvernance de son pays et des impacts de l’action gouvernementale. Alors, c’est burlesque lorsque le peuple doit financer le déplacement de politiciens pour aller lui dire ce qui serait fait pour le satisfaire et qu’il ne sait pas. Si c’est pour attendre un merci de la part d’un tel peuple, ça prouve qu’il n’y avait pas un contrat d’objectif entre dirigeants et peuple au départ. Voilà comment les politiciens bernent les peuples en leur imposant ce qu’ils veulent sans tenir compte de leurs volontés, de leurs préférences, de leur implication tout au moins au bénéfice de la veille citoyenne.
– Les peuples ne se soumettent plus au système messianique de gouvernance car les peuples africains sont tellement confessionnalisés que leur Dieu n’est pas une entité spirituelle politico-affairiste ou une divinité affairo-politicienne.
Alors, on se sert de la violence non pas légitime et fondée sur le droit mais de la violence illégitime et illégale pour instaurer le règne de la peur par la persécution. Plus un système politique produit des victimes, plus il fabrique des rebelles qui vont combattre tôt ou tard tout le système tortionnaire mis en place pour entretenir les abus. Le persécuteur dans le triangle de Karpman est celui qui impose ses besoins et se fiche de ceux des autres, peut se montrer agressif pour arriver à ses fins, peut être réel ou imaginé d’où l’importance d’une panoplie de faux secrets relevant des indécences institutionnelles.
– Il faut se convaincre de ce que celui qui sème la peur moissonne à son tour la trouille et la méfiance. Alors l’autorité n’est plus reconnue et il faut surdoser la violence jusqu’à ce que le peuple n’en pouvant plus offre sa poitrine pour faire la révolution des corps à corps; c’est là que les tyrans trouillards qu’on croyaient irréversiblement puissants prennent la clé des champs. Tirons leçons des cas de Mobutu Sésé Séco, Hissène Habré et Blaise Compaoré, trois cas et pays francophones.
L’abus de pouvoir finit toujours par l’érosion du pouvoir et plus personne ne cherche à voir vos œuvres mais votre comportement belliqueux et suffisant à tendance répulsive. Celles et ceux qui tiennent des propos mielleux ne sont que des mouches et c’est vous leur miel.
– Leurs flatteries dépourvues d’exigence spirituelle et d’honnêteté intellectuelle sont un piège sans fin de gens qui ont toujours une faim foudroyante du pouvoir d’État. Ils ne sont rien, mais alors rien sans un tel pouvoir qui leur sert de marmite nourricière. Ils font de vous leurs partis pris mais si vous oubliez que le peuple souverain est votre seul parti pris, au moment de votre déclin, votre argent amassé ne pourra pas vous sauver encore moins ses insatiables organisés en partis pris pompeusement appelés partis politiques.
La loi qui est produite pour servir l’intérêt des clans de partis pris, cette loi s’écroule comme un château de carte. Alors que la loi qui est produite au nom du peuple souverain, elle est vivace et traverse toutes sortes d’intempéries.
Quand vous avez le pouvoir d’État, exercez-le dans la droiture avec un esprit de serviteur désintéressé et non dans l’arbitraire, l’injustice et le clientélisme.
Simon-Narcisse TOMETY