Le Parti Communiste du Bénin (PCB) répond aux récentes déclarations d’Ousmane Batoko, dénonçant un parcours marqué par son rôle dans le régime répressif du PRPB et son appartenance présumée à la Françafrique. Le PCB accuse Batoko d’avoir servi les intérêts coloniaux français au Bénin et de profiter aujourd’hui d’une immunité qui protège son passé controversé, plutôt que de soutenir une véritable démocratie. Lire la déclaration du Parti Communiste du Bénin.
LE PCB REPOND A OUSMANE BATOKO
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PARTI COMMUNISTE DU BENIN (PCB)
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LE PCB REPOND A OUSMANE BATOKO
VIE ET PARCOURS D’UN AGENT DE LA FRANÇAFRIQUE, TORTIONNAIRE : OUSMANE BATOKO(L’Histoire a de la mémoire)
1- Des déclarations de Batoko Ousmane
Depuis des jours, Batoko Ousmane a défrayé l’actualité nationale avec une série d’interventions sur les mass media, ceci aux alentours du 26 Octobre, date du coup d’Etat et d’arrivée au pouvoir de Mathieu Kérékou.Dans l’intervention d’avant le 26 Octobre, Batoko Ousmane déclare à l’adresse du Président Talon : « Où va le Bénin ? On va où ? On fait quoi ? » Et plus loin, il dit « Ce n’est pas ça le Bénin que nous avons connu, que nous avons aidé à gérer, que nous avons géré ! Parce que sous la révolution nous avions eu le pouvoir, moi j’ai géré le Bénin sous la révolution, j’ai posé des actes sans avoir eu l’autorisation de Mathieu Kérékou…Je peux dire que j’ai géré ce pays… »
Le samedi 26 octobre 2024, sur la radio en ligne Crystal New dans l’Emission « notre histoire » sous le thème « Les vérités de Ousmane Batoko sur le régime du PRPB », Ousmane Batoko poursuit sur la même lancée appréciant le régime du PRPB qu’il défend bec et ongle en le qualifiant de « pouvoir populaire ». De façon plus particulière, il a parlé du PCD ou du PCB qualifié à l’époque « d’anarcho-gauchiste ».Sur les questions de tortures atroces infligées aux membres et assimilés du PCD, Batoko répond : « Lorsque le PCD préconise la destruction du patrimoine ; que le PCD estime que quand les travailleurs qui refusent d’aller en grève, doivent être aspergés d’acide…je ne vois pas un seul Etat qui accepte cela et laisser faire ; c’est à prendre ou laisser… Personne n’a donné l’ordre de torturer quelqu’un. Nulle part, il n’a été écrit qu’il faut torturer des gens mais je dis que je suis comptable de tout ce qui s’est passé sous le pouvoir du PRPB ».Dans tout ce fatras de déclarations truffées de calomnies contre le PCB, il faut tirer ceci.Oui nous savons que Batoko Ousmane est « comptable de tout ce qui s’est passé sous le PRPB » qu’il est parmi les donneurs d’ordres non écrits, commanditaires sans papier, des crimes effroyables, des horreurs commis sur les hommes et les biens sous le PRPB. Et cela ne nous surprend pas qu’il en assume gaillardement aujourd’hui, sous protection d’immunité, tout ce passé sombre. Le contraire aurait surpris.Batoko se trouve aujourd’hui être l’un des rares à pouvoir répondre de cette époque, lui qui a passé une longue carrière tant politique qu’administrative depuis 1977 à 2021.
2°- Que retenir alors de la longue carrière de Batoko Ousmane ?
En effet dès son retour de formation à l’IIAP-Paris aujourd’hui intégré à l’ENA, en 1976 et après un court séjour au MISON sous Azonhiho Dohou Martin, il fut nommé Chef de district de Savalou de 1977 à 1981, puis Directeur de la Société d’Alimentation Générale du Benin (AGB) de 1981 à 1985. En 1985, suite au mouvement insurrectionnel du 6 Mai où Kérékou ordonna de tirer à vue et sans sommation sur les élèves tuant l’élève Atchaka Parfait du CEG Gbégamey, Kérékou décida de former un gouvernement de répression contre tout mouvement contestataire ; Kérékou procéda alors au limogeage des ministres opposés à cette méthode dure anti-peuple, tels le Colonel Alladaye Michel. Et pour cela, il nomma Batoko comme ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports en 1985. A l’occasion de ce gouvernement, Kérékou précisa que cela s’impose « dans le sens d’une plus grande efficacité et fermeté ». Batoko assuma ce portefeuille jusqu’en 1988. Cette année-là, il fut nommé ministre de l’Information et de la Communication, poste qu’il occupe jusqu’en 1990.C’est dans ce cadre que par décret 89-434 du 18 décembre 1989, Kérékou créa le Comité Préparatoire de la Conférence Nationale, composé de 7 membres, présidé par Robert Dossou. Batoko Ousmane se retrouva en bonne place dans ce Comité qui dirigea la Conférence nationale. Il était parmi ceux qui, à l’instar de Robert Dossou, se sont opposés rageusement à la proclamation de la souveraineté de la Conférence le 22 février 1990, donc opposés à l’instauration du Renouveau Démocratique ; alors, on voit le mensonge lorsqu’il a déclaré avoir toujours été pour le pluralisme politique et la liberté d’expression.De 1990 à 1996, Batoko à l’instar de son mentor Kérékou connut la traversée du désert et se contentait de donner des cours et TD de droit administratif à l’Université Nationale du Bénin.Dès le retour au pouvoir de Mathieu Kérékou en 1996, Batoko fut nommé Ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative de 1998 à 2003 ; de 2003 à 2008, il fut Conseiller municipal à Parakou. En 2011, il est nommé Président de la Cour suprême par Yayi Boni, poste qu’il occupa par renouvellement de Talon jusqu’en 2021.En fait, une véritable longue carrière.Mais comment s’explique cette longévité politique de Batoko à travers des Gouvernements différents de Kérékou, Yayi et Talon ?
3°- Un agent de la Françafrique
Cette longévité s’explique par une seule chose : l’appartenance de Batoko Ousmane à la Françafrique.En effet, Batoko Ousmane était Secrétaire aux Relations Extérieures du FACEEN à sa création. En France, des éléments tant de l’UGEED – Section France (AED) que du FACEEN – France, déplorant cette division du mouvement étudiant dahoméen, te ntèrent une action unificatrice des deux ailes du mouvement étudiant et scolaire dahoméen. Parmi eux, on peut citer aujourd’hui pour la vérité historique Amadou Diallo (feu Dr. Diallo, paix à son âme !), Moussa Issa Touré et Orou Guidou Yaya. Ceux-là acceptèrent et œuvrèrent ardemment en vrais patriotes, à la constitution d’une Section Unifiée Dahoméenne tout court du mouvement étudiant pour enfin réaliser la fusion de l’UGEED et du FACEEN.Batoko Ousmane s’y opposa résolument. Par ailleurs, l’on constatait simplement qu’il était devenu un étudiant mouchard au service du Gouvernement de Kérékou, contre ses autres camarades étudiants en France tant du Nord que du Sud ; ce qui permettait à Kérékou d’établir sa liste noire de personnes qualifiées « d’exilés volontaires » à pourchasser et à réprimer en toutes circonstances. Par ses faits et gestes hostiles au mouvement révolutionnaire étudiant en France, il est devenu évident que Batoko Ousmane, arrivé en France comme élève administrateur à l’IIAP, fut rapidement récupéré en agent de la Françafrique sous la protection de Jacques Chirac, alors Premier Ministre du Président Giscard d’Estaing.
Toutes les données de l’époque attestaient de cette réalité.Et en effet, l’évolution ultérieure de Batoko, qui a gravi les échelons et promotions de tous les gouvernements (sauf bien sûr ceux de Nicéphore Soglo), montre cette situation. On comprend dès lors, qu’il puisse passer de Kérékou à Yayi Boni et à Talon, tous ensemble, appartenant à la même chambre, celle de la Françafrique, et fidèles défenseurs du système de domination française au Bénin.Cela peut expliquer aussi pourquoi ses camarades du Nord cités plus haut, tels feu Dr. Amadou Diallo, Touré Issa Moussa et Orou Guidou Yaya n’aient pas connu une fortune aussi brillante du point de vue politique et administrative que Batoko. Car Kérékou et ses parrains, les colonialistes français ont la mémoire dure et fidèle.Avec cette couverture, appartenance commune à la même chambre françafricaine que Talon, et à l’abri de l’ignoble immunité qui leur a été accordée par la Loi N° 91-013 du 12 avril 1991, Batoko Ousmane peut aujourd’hui causer haut et fort ; il peut tout de même déplorer les exagérations et excentricités de son confrère qui peuvent nuire à la cause, non à celle de la démocratie (à laquelle, comme on l’a vu plus haut, il ne croit nullement), mais à la cause de la pérennité de la domination française au Bénin.
Cotonou, le 7 novembre 2024.
Le Parti Communiste du Bénin