C’est peu après minuit trente que l’actuel président des Etats-Unis, Donald Trump a pris la parole depuis la Maison Blanche. Le message est clair : Donald Trump estime qu’on lui a volé la victoire. “Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l’élection”, a déclaré Donald Trump, sans avancer la moindre preuve d’une quelconque fraude électorale.
Dans le camp républicain, difficile d’assumer une telle posture. Si certains choisissent le silence, d’autres sortent de leurs réserves. Malgré encore quelques soutiens républicains et surtout celui de sa famille, Donald Trump semble de plus en plus isolé.
La déclaration qui divise
Quelques heures plus tôt, le candidat démocrate, Joe Biden, s’est adressé aux Américains en appelant au calme et à la patience, en attendant que tous les bulletins de vote soient comptabilisés.
Et puis, l’équipe de Donald Trump annonce une prise de parole imminente de Donald Trump, depuis la Maison Blanche. Beaucoup d’observateurs craignent ce que va dire le président. Il a déjà tweeté, “on nous vole l’élection”, en lettres capitales et appeler à arrêter de compter les votes.
Et c’est finalement vers minuit trente que Donald Trump fait sa déclaration. “Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l’élection”. Pour le président, les votes illégaux ont principalement lieu à Détroit et Philadelphie. En revanche, il appelle à continuer les dépouillements en Arizona.
Face à ces accusations de fraudes, sans aucune preuve, certains médias décident de couper l’allocution du chef de l’Etat et de recadrer ces propos, jugés comme mensongers, le tout en plein direct.
A la suite de cette allocution, difficile pour bon nombre de républicains de soutenir le président.
Le 45e président des Etats-Unis apparaît isolé au sein de son propre parti dans sa croisade contre un “vol” du scrutin dont il serait la victime.
“Nous n’avons entendu parler d’aucune preuve”, a réagi sur ABC Chris Christie, ex-gouverneur du New Jersey et allié du président, mettant en garde contre le risque d’attiser les tensions sans éléments tangibles.
Les (rares) lieutenants en ordre de bataille…
Le président a reçu le soutien de quelques rares lieutenants comme les deux sénateurs républicains, Lindsey Graham et Ted Cruz. “Je peux vous dire que le président est en colère et je suis en colère, et les électeurs devraient être en colère”, a déclaré ce dernier sur Fox News.
Les lieutenants et la famille du président ont eux lancé une campagne de désinformation pour persuader leurs troupes que des tricheries massives étaient en cours.
Donald Trump Jr, le fils aîné, a appelé son père à mener “une guerre totale” contre les tricheries entachant selon lui la présidentielle, dans un tweet incendiaire trahissant selon certains un début de panique face aux chances grandissantes de Joe Biden de l’emporter.
“La meilleure chose pour l’avenir de l’Amérique est que Donald Trump mène une guerre totale concernant cette élection pour mettre en évidence toutes les fraudes, les tricheries, les électeurs décédés ou ayant quitté l’Etat, qui durent depuis beaucoup trop longtemps, a tweeté Donald Trump Junior, connu pour relayer des thèses conspirationnistes.
“Il est temps de faire le ménage et d’arrêter de ressembler à une république bananière”, a-t-il ajouté.
… à la recherche des soutiens républicains
“Où sont les républicains ? Soyez courageux, battez-vous contre cette fraude”, a de son côté lancé Eric Trump, le deuxième fils du milliardaire, sans susciter la moindre réaction notable au sein du Grand Old Party.
De fait, Donald Trump Jr. a semblé s’inquiéter, dans d’autres tweets, d’un “lâchage” de son père par les républicains. Il a notamment déploré, sur Twitter, “le manque total d’actions de quasiment tous les républicains qui pourraient candidater à la présidentielle 2024”, à l’exception du gouverneur de Floride Ron DeSantis.
Pourtant, il y a encore quelques soutiens discrets.
Celui notamment de Mike Pence, le vice-président de Donald Trump qui semble pour le moins alambiqué. Sur Twitter, il se dit “aux côtés de Donald Trump“, et n’appelle pas à arrêter de compter les votes, mais dans une tournure diplomatique, il demande à “compter tous les votes légaux”, sans prendre position sur ce que sont les votes légaux.
Du côté des soutiens peu tonitruants il y a aussi le cas de Mitch McConnell, le chef républicain du Sénat, qui vient d’être réélu dans le Kentucky. Il estime en effet que des recours en justice puissent être engagés, surtout avec une élection si serrée. Mais il rappelle, “nous ne savons pas encore qui a gagné l’élection”.
Même son de cloche du côté du Sénateur républicain de Floride, Marco Rubio pour qui “avoir besoin de plusieurs jours pour compter les votes n’est pas une fraude”. Et en cas d’irrégularités, il en appelle à saisir la justice.
Lâché par les siens ?
Et si d’autres républicains, proche du président restent à ces côtés, à l’instar de Ted Cruz d’autres commencent à sortir de leurs réserves.
Sur CNN, quelques instants après la prise de parole de Donald Trump, l’ancien sénateur républicain, Rick Santorum sort de sa réserve : “aucun républicain ne va soutenir cette déclaration. Ils pourront soutenir certains éléments de cette déclaration. Il y a eu des commentaires sur les sondages et le fait qu’ils n’ont pas été très honnêtes, il peut y avoir des arguments. On peut également entendre le manque de transparence […]. Mais la plupart de cette déclaration n’était pas factuelle, elle était même incendiaire. […] Je dois le dire, j’étais là à écouter ce qu’il disait expliquant qu’on lui volait l’élection. Puis il a fait un virage complet en parlant de l’Arizona en demandant à compter les votes. Comment peut-on dire d’un côté si on continue à compter les votes je gagnerais en Arizona et si on continue de compter en Pennsylvanie, on me vole la victoire ?”
Et il ajoute, “la réalité c’est qu’en Pennsylvanie, les démocrates ont voté à distance et les républicains en personne parce que le président leur a demandé de faire comme ça”.
A mesure que les derniers bulletins de vote sont dépouillés, il semble donc que la tension monte, y compris au sein de la famille républicaine. Une attente qui devrait ouvrir la voie à un nouveau chapitre dès que l’on connaîtra le nom du 46e président des Etats-Unis.
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