Exposition des trésors royaux
- Dis-moi quel est le trône du roi, je te dirai qui il est
Trône royal. Fait de plusieurs panneaux de bois œuvrés et agencés par un système de tenons mortaise. Au sommet de ce Trône d’apparat, se trouvent des articles en métal mis pour faire tenir son haut à sa partie centrale.
Vu l’architecture de l’œuvre, il est probable qu’elle soit fabriquée dans un pays industrialisé et offert au souverain de Danxomè. Haut de 1m 80 et large de 1m 50 environ, la forme rectangulaire de ce siège royal retrouvé dans la collection du Général Alfred Dodds renseigne sur le personnage du roi. II est posé en verticale, inspirant ainsi l’assurance. L’assurance de vivre dans un royaume calme, stable et reposant. C’est bien le désir et la vision de Ghézo, roi du Danxomè, propriétaire de ce joyau. L’aspiration de ce souverain est de veiller au bien-être de son peuple. Légitime désir qui a inscrit le Danxomè au rang des premiers peuples développeurs de la culture du palmier à huile, du maïs, de la tomate, de l’arachide, du tabac, etc.
Ce roi révolutionnaire renonce à l’esclavage, commerce en vogue, pour préférer le développement agricole comme pilier de croissance économique de son royaume. La politique du souverain pourrait permettre de supposer que le joyau lui est offert du Brésil en reconnaissance de sa lutte contre l’esclavage. En effet, de ce pays, des initiatives visant l’abolition de l’esclavage ont vu le jour. Il s’agissait entre autres du soulèvement des tailleurs de Bahia en 1798 ; du soulèvement avorté des esclaves de 14 plantations sucrières de Campinas en 1832 ainsi que de l’insurrection des musulmans de Bahia en 1835 et la fuite. Les initiatives et des discussions ont eu lieu durant toute la période impériale et l’esclavage fut finalement aboli au Brésil en 1850, ce qui coïncide avec une bonne partie du règne de Ghézo (1818-1858).
En attendant, les travaux scientifiques pouvant confirmer la provenance de ce siège, il faut remarquer que les coquilles Saint-Jacques qu’il présente en dessous se retrouvent aussi sur la mosquée centrale de Porto-Novo (Bénin), une construction afro-brésilienne. Cette remarque renforce une fois encore l’hypothèse selon laquelle l’œuvre proviendrait du Brésil, bien que l’identité du concepteur ne soit pas connue jusqu’ici. Le siège du prince Gankpé, le futur roi, exprime également l’une de ses actions phares, à savoir la réorganisation de l’armée des guerrières du royaume Danxomè dont la fougue continue de résonner dans les esprits.
D’aucuns ont vainement essayé de les comparer aux amazones de la mythologie grecque dont l’existence réelle nourrit encore des polémiques. Le successeur du roi Adandozan tient à sa grandeur et à sa puissance. Des ambitions royales séculaires matérialisées par la position verticale du trône. Mais Attention ! Il met tout ceci au service de son peuple. Autrement, pourquoi un roi aussi puissant que Ghézo souhaiterait-il se rapprocher de sa population du haut des 2 mde son trône pour lui offrir des présents ? Eh Oui. Le fils de Agonglo se donnait ce plaisir au cours des cérémonies annuelles dites “ato” où il offrait des biens de toute nature à son peuple. De ces considérations, il est bien possible que le fabricant du Trône soit un des meilleurs amis du souverain.
Ghézo reste encore l’un des rois dont l’histoire marquera durablement la mémoire collective. Ses œuvres et ses vestiges parlent mieux de lui que les écrits, souvent orientés, contenus dans des livres dont la réécriture est une nécessité impérieuse.
Edouard GNANSOUNOU