Le Bénin, un pays bizarre
Le Béninois, un Etre insaisissable
Si le Burkina Faso choisit de se développer, en 20 ans au plus, il surprendra par ses prouesses parce que Thomas Sankara a créé déjà l’environnement mental, un état d’esprit favorable et les déterminants du progrès social. Si le Togo choisit cette voie du salut collectif, en 30 ans au plus, ce pays étonnera aussi car son héritage germanique dormant sera stimulé de même que l’esprit d’autodétermination incarné par Sylvanus Olympio. Ce sont deux pays voisins du Bénin. Le paradoxe est qu’il faudra 100 ans au moins pour que le Bénin devienne une merveille pour les Béninois et quand les élites auraient compris la nécessité de devenir des éboueurs de la République après avoir, à leurs propres niveaux, abandonné leurs sales caractères et puanteur répugnante. C’est vrai que le Bénin se construit physiquement, mais au-delà, il n’y a rien de méthodique concernant l’architecture d’un état d’esprit solidaire fondé sur la synergie, la coopération et sincérité.
Le pays a fait un bond astronomique en méfiance et partout, les conditions de méfiance et de roublardise sont réunies pour donner l’impression que tout va bien. Nous avons la trahison très facile et la traîtrise dans l’ADN. D’ailleurs, la critique est devenue un pêché, ce n’est pas un droit et un principe. Et pourtant, ceux qui ont leurs ventres pleins avec un corps doré vous diront que le Bénin est un pays de démocratie et des droits de l’homme.
Beaucoup étaient des affamés au seuil de survie, il y a 8 ans. Ils sont facilement repérables à travers leur arrogance et leur extraordinaire extravagance. Quand les conditions de vie quotidienne changent, l’esprit, le langage et le corps changent aussi. C’est bon à savoir et c’est la source de l’hypocrisie et de la méchanceté de nombre de gens, car ils sont très jaloux et protecteurs de leurs positions. Il faut profiter au maximum car 5 ou 10 ans en affairisme politique, ça passe vite.
Oui, nous voyons que le Bénin se bétonne, qu’il devient un beau pays mais n’attire pas, parce que tout repousse au niveau de la mentalité et du comportement.
Un bon pays où les citoyens rayonnent d’espérance est attractif car on veut toujours y découvrir des cités conviviales. Mais les pays qui sont beaux et les citoyens ont les mains posées sur la joue en train d’appeler l’Éternel au secours parce que leurs conditions de vie ne traduisent aucune urgence nationale, repoussent par leur regard inquiet permanent qui inspire la misère.
N’y a-t-il pas là un contraste du beau scintillant et la misère ambiante? Vous faites la modernisation pour qui en définitive ?
Pour les riches ou pour les pauvres et la petite classe moyenne! Tant que les projets de construction de la beauté du pays resteront extravertis et visant une clientèle étrangère, vos œuvres resteront du béton armé donc des œuvres humainement inachevés.
Cette conception matérialiste de la beauté relève du luxe capitaliste. Viendra le moment où le Béninois apprendra à choisir ses dirigeants non plus en fonction d’un chiffon appelé projet de société mais de la réalité du comportement, de l’histoire et du parcours réels de chaque candidat. Ce que les Béninois auront gagné durant la période 2016 à 2026, c’est comment éviter le piège d’une élection dont les candidats sont masqués. Les Béninois ont désormais les méthodes et les outils pour sortir chaque candidat de son emballage pour l’explorer.
Le Bénin se sous-développe parce que la jalousie, la haine et l’hypocrisie se substituent désormais à la devise nationale. La gouvernance publique est fondée sur la jalousie, la haine et le désir permanent de nuire.
La méchanceté est devenue un art mobilisateur.
La mendicité est devenue une caractéristique essentielle de la vie quotidienne des Béninois alors que la corruption est réservée aux bureaucrates.
La mendicité, la corruption, la prostitution et le vol font partie des comportements tolérés désormais. Lorsqu’un pays banalise les urgences nationales pour ne privilégier que les investissements lourds et luxueux, la pression de l’endettement s’accompagne forcément de la pression fiscale et s’ensuit la misère des populations. Oui, on nous dira que le train de vie des Béninois était la résultante de l’argent sale qui circulait dans le pays.
Et quelle est la qualité de l’argent qui circulait entre les hommes d’affaires et la classe politique pourrie? Quel est le bilan de la réforme du système partisan ? Un désastre!
Le Bénin se réforme à la vitesse de l’étoile filante mais en dehors du foncier, les innovations ne sont ni visibles ni à efficacité impactante dans les secteurs de la santé, de l’éducation nationale, de la protection civile, de la sécurité.
La décentralisation est une réforme majeure de l’Etat qui après quelques années de progrès se recentralise et patine. Le Bénin serait un bon élève de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, mais les performances souvent affichées sont celles qui rappellent les années saccageuses des Programmes d’Ajustement Structurel avec un ascétisme suicidaire. Nous y sommes encore! Chacun est étranglé par une ceinture que le docteur a prescrit à Parakou depuis 7 ans. Une autre pathologie, c’est que
le Bénin est le seul pays où les salaires politiques relèvent du secret d’Etat dans l’espace UEMOA. C’est honteux car cette opacité n’est pas de nature à éduquer les agents de l’Etat à la culture de la transparence. Où est le modèle à suivre ? Les gouvernants sont prospères et les gouvernés se prostituent.
Dans deux ans, ayez le courage d’inscrire cette vérité dans votre bilan de clôture de vos 10 ans de gouvernance. Un jour, vous allez inaugurer les marchés modernes, les pauvres auront-ils la capacité financière de payer les taxes mensuelles ?
Le développement qui se fait par l’exclusion des pauvres débouche soit sur des éléphants blancs soit sur une révolution où les pauvres forcent leur inclusion sociale. Les vrais électeurs sont les pauvres et une politique publique c’est pour corriger les inégalités et les injustices dont les pauvres sont les principales victimes. Bénin, pays des hommes opportunistes à trahison facile, contrairement au Burkina Faso, pays à aspiration intègre et d’inspiration solidaire. Le Béninois n’est préoccupé que par la réussite et la gloire personnelles.
C’est comparable au filet à petite maille ou MEDOKPOKONOU (être seul en joue) que le pêcheur inconscient du développement durable et de la solidarité utilise pour piller les ressources halieutiques y compris les fretins. Il y a une minorité de gens qui sucent tout le monde, chacun cherche à intégrer ce club des orgueilleux mais le nombre de places est limité. Les cadres très nombreux rôdent tout autour de ce petit cercle des profiteurs, à la recherche d’un positionnement. Alors, ils se bousculent, se piétinent, certains font de faux témoignages pour être sur la liste d’attente, d’autres sont en pleur et en cris de détresse… Quand ils auront épuisé leurs dernières munitions, ce serait déjà 10 ans de vie désespérée. C’est encore les élections couplées bidouillées, et les candidats sans voix audibles dans les urnes sortiront encore grands victorieux. Et des menteurs professionnels viendront encore nous parler de démocratie, Etat de droit, droit de l’homme.
Ces concepts creux qui ne correspondent à aucune réalité politique, sociale, culturelle et économique du Bénin. Tricheurs nous sommes et méchants nous devenons de plus en plus.Tout homme naît philosophe, grandit en philosophant jusqu’à la réalisation de ses rêves ou les rate puis finit par quitter ce bas-monde où tout est éphémère et fragile. Même les vaniteux partiront. Tant pis!
Simon-Narcisse Tomety
1 Commentaire
Une conclusion haute en couleur pour que un texte bien écrit tout simplement admirable.