Malgré la création du Conseil National de l’Éducation (CNE) pour moderniser et réorienter l’école béninoise, le système éducatif reste encore sous l’emprise des influences néo-colonialistes. L’indépendance véritable de l’éducation au Bénin est-elle compromise par des programmes exogènes et une politique éducative dictée par l’extérieur? Cet éditorial du sociologue, Jules Affodji questionne la capacité du CNE à rompre avec un héritage colonial persistant et à forger une éducation authentiquement béninoise, ancrée dans les valeurs locales et tournée vers le développement national. Lisez plutôt.
L’éducation sous surveillance coloniale!
L’indépendance du système éducatif au bénin reste encore sous surveillance des donateurs blancs; la souveraineté du système éducatif n’est pas totalement réglée. Nonobstant la création du Conseil national de l’éducation, un haut lieu de réflexion, qui permet de faire, par excellence, de l’éducation une affaire d’orientation de la politique éducative du Bénin ; puisque sa mission est de rénover l’école béninoise pour créer les meilleures conditions républicaines et de veiller également au respect des grandes options éducatives. Ces conseillers ont choisi de penser l’Homme, le vrai Homme à partir ou en vue du problème de l’éducation.Les questions qui me viennent à l’esprit sont de savoir si ces conseillers pourraient sauver la jeunesse béninoise qui est aux abois.
Pourront-ils réellement se détacher de la politique politicienne de la politicaillerie pour donner du contenu à une éducation, qui prendra en compte la valeur éducative africaine en général et celle du Bénin en particulier ?
L’intérêt du Cne est de moderniser et de porter ses soins attentifs sur le respect aux grandes options éducatives pour une formation de développement, cet intérêt ne relève peut-être pas, à cet effet, ni d’un hasard ni d’une manie. Il tiendrait, en quelque manière, au sens de l’interrogation éducative elle-même. si le Cne tend à suspendre l’évidence des savoirs endogènes et des compétences en leur imposant de comparaître au tribunal du jugement humain, il perdra sa boussole et conduira tout une génération dans le vide éducationnel et d’autre part il faut que le Cne dénonce le fond politique politicien et conflictuel des conceptions morales.
Certainement, le Conseil national de l’éducation d’aujourd’hui, si ce dernier est le Conseil des discours, il ne sera rien moins qu’une pure et plate propagande, une panacée aux problèmes du gouvernement. Le très bizarre programme qui s’exécute actuellement dans les écoles béninoises, du niveau 1 au niveau supérieur en passant par le niveau moyen, vise uniquement à perpétuer un programme considéré comme néo-colonialiste et dont le but est de former des « enfants-perroquets, des enfants-cybercriminels, des coupeurs de route, etc. ».
Il faut que l’orientation que conseille le Cne ne produise pas le syndrome de Wanderlust, le désir permanent de quitter chez soi pour aller ailleurs, le désir de voyager. Ces Conseillers doivent éviter un programme extraverti, un programme qui est complètement tourné vers l’extérieur. On aime plus ce qui se fait par les autres. On se perd dans les autres.
Les fondamentaux de l’éducation, de l’enseignement de l’être ne doivent pas disparaître des programmes. Les nouveaux Hommes qui sortiront de nos écoles doivent être patriotes, doivent aimer ce qui se fait ici au Bénin, ils doivent faire référence aux produits fabriqués au Bénin. Il est des programmes dans lesquels les fondamentaux du Bénin sont rigoureusement ignorés. Il suffit de ne plus penser l’enseignement comme une reproduction aveugle des programmes exotiques, pour éviter des morts dans l’océan atlantique.Chaque enfant qu’on éduque bien est un homme qu’on gagne pour paraphraser le fabuliste.
Le développement économique du Bénin passera par des hommes et des femmes bien éduqués. Il faut que le Conseil National de l’Education travaille bien pour permettre au Bénin de retrouver ses lettres de noblesse à travers l’éducation rénovée. Ces Conseillers doivent éviter que l’histoire soit pour eux, un décor dépourvu de sens ou ne faisant que justifier le présent et paralyser l’avenir.
Jules AFFODJI