Alors que la langue française continue de dominer la vie publique et privée au Bénin, Jules Affodji pose une question fondamentale : peut-on réellement se développer en s’exprimant dans une langue étrangère ? Pour lui, la réponse est non. Dans un plaidoyer , il exhorte les autorités à promouvoir l’enseignement et l’usage des langues nationales afin de libérer les Béninois du carcan de la francophonie et de rétablir l’identité culturelle du pays, première étape vers un véritable développement. Lisez plutôt l’intégralité de la tribune de Jules Affodji
La langue française ne développe pas !
Je peux croire, de nos jours que les langues imposées par la colonisation n’ont pas aidé les africains du Sud du Sahara à se développer mais à les abêtir et à les abrutir.
Assurément, l’identité culturelle est intimement liée aux langues et aux habitudes linguistiques. C’est par et à travers celles-ci que les groupes humains s’identifient et s’affirment appartenir à tel ou tel groupe.
Ce n’est pas un mystère que la langue maternelle ou première langue fait partie de l’instinct grégaire qui invite l’être humain à l’utilisation du discours parlé de façon intense dans la même proportion que notre « être frémit d’amour maternel ou social ». Elle est un besoin fondamental qui fonctionne plus qu’un moyen de communication. (R.B. Le page, the national language question, London, Oxford University press, 1949).
Si nous passons l’enfance, la langue devient un moyen de communication avec nos proches, nos compatriotes, ceux avec qui nous partageons le même passé culturel.Toutefois, il faut souligner que, je ne communie pas avec un français parce que je sais me servir de la langue française ; mais parce que c’est un accident historique, à savoir, la colonisation suivie de la formation extravertie reçue de l’occident. La langue facilite l’affinité et l’association, mais n’établit pas la communion.
Les membres d’institution telles que la francophonie, les Ecrivains d’expression française, le Réseau des Journalises francophones pour ne citer que celles-là communiquent mais ne communient pas. Alors le développement d’un pays passe nécessairement par sa langue. Nous ne connaissons aucun pays, aucune nation au monde qui s’est développé avec la langue d’autrui. Pourtant, le Béninois jure par la langue française.
Le Béninois exige la langue française dans son foyer, il ne permet pas à ses petits-enfants de s’exprimer en langue de son pays, de son village. Il y a aujourd’hui des béninois qui trouvent déshonorant leurs langues ; ils refusent de la parler. Dans certaines familles, la langue française est uniquement parlée. Elles ne connaissent aucune langue du Bénin.
Le français a abêti l’homme noir en général et celui du Bénin en particulier, puisque la langue qui devrait permettre la diffusion des connaissances dans le cadre de l’éducation formelle, mais aussi en dehors des institutions éducatives sous des formes vulgarisées est remplacée par le français avec violence.
Il faut reconnaître que le langage apparaît comme fondamentale pour la construction de la personnalité et pourrait être à la base des capacités intellectuelles, notamment celles permettant de faire l’acquisition de connaissances, dans la perspective des recherches cognitives. Donc, il s’avère nécessaire que les gouvernants béninois réorganisent l’éducation, l’enseignement des langues nationales dans le but de libérer notre peuple du joug des francais. Pour parler comme Kwame N’kruma, enseigner la langue fon, yoruba et dendi, Haoussa, Mina partout au Bénin et nous allons les domicilier dans la forêt de la Donga.
Eduquons les peuples en leurs langues. Jules AFFODJI