« Dieu fit un grand don à l’humanité en nous donnant une personne exceptionnelle dotée d’une intelligence prodigieuse, d’une capacité de travail très transversale, d’une plume angélique, d’une générosité, inventive et d’une douceur bienveillante ». Telles sont entre autres les paroles de reconnaissance du Père Directeur de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix – IAJP envers la mémoire de Dr Barnabé Laye, médecin le jour, poète la nuit. C’était au cours de la messe de requiem organisée en sa mémoire le 12 avril 2024. Suivez l’homélie du Père Éric Aguénounon sur les lignes ci-après.
HOMELIE
Obsèques du Docteur Barnabé LALEYE
Chant d’Oiseau, le vendredi 12 Avril 2024
Mesdames et Messieurs en vos grades, rangs, et titres considérés,
Distingués personnalités du monde de la culture,
Bien chers grands parents, parents, et apparentés,
Et vous, éminents lecteurs de Barnabé LAYE,
Je salue très affectueusement Madame Franceleine DEBELLEFONTAINE, Epouse du Docteur Barnabé Lalèyè, leurs enfants Laëtitia et Lydie, et puis leur petit-fils Solal Oladélé. Je leur exprime, dans le Seigneur Jésus, ma compassion et ma proximité spirituelle. Ils vivent, en ce moment, la sépulture de l’époux aimant et du père attachant.
Je présente à nous tous mes sincères condoléances et filialement attristées. Mon pépé, le Dr Barnabé LALEYE a répondu à l’appel du Seigneur pour l’éternité.
Le chemin de l’éternité indiqué poétiquement par l’évangéliste Saint Mathieu dans les Ecritures
Saintes constitue à la fois une porte et une portée. Une portée accueillant les sillons d’une vie toute donnée au Seigneur et dévouée au service du bien de tous. Les vers des béatitudes évangéliques nous aident ainsi à prendre la mesure de nos jours et à puiser en Dieu la force de la foi et la volonté des convictions préparant à l’éternité. Les béatitudes accueillies et pratiquées dans la foi par le croyant ou tout homme ou toute femme de bonne volonté deviennent infailliblement une porte vers l’éternité. Pour ce faire, il s’agit pour chacun de nous, de refléter dans sa vie, ne serait-ce, que l’une des béatitudes. Du témoignage de vie du Dr Barnabé LALEYE, une béatitude s’impose à nous au regard de notre cheminement de vie avec lui.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage !
Alléluia, notre Dieu fit un grand don à l’humanité en nous donnant une personne exceptionnelle dotée d’une intelligence prodigieuse, d’une capacité de travail très transversale, d’une plume angélique, d’une générosité inventive et d’une douceur bienveillante. Une telle étoile ne passe dans notre cosmos qu’une fois par millénaire, tellement il est rare de voir, en une même personne, une telle virtuosité. Major au baccalauréat béninois dans les années 1960, médecin spécialiste, poète, romancier, bon jardinier et cuisinier passionné, il a assidument porté à leur achèvement tous les talents que le Seigneur lui a donné tout en étant simplement au milieu de tous comme ami, frère et croyant. Il avait la toute conscience que tout lui était donné par le Seigneur avec la force de la collaboration entre l’humain et le divin. La simplicité, la modestie, l’humilité étaient ses traits caractéristiques majeurs et des marqueurs spécifiques d’une vie assumée comme don de Dieu. Homme de compassion et de douceur, il vivait sa foi comme un service. Servir les autres, les soigner, les écouter, les conseiller et les guider vers la foi. Il croyait en Dieu et l’accueillait comme Tout puissant et Miséricordieux. Je me souviens, qu’il m’avait donné un jour une lecture sublime de la vocation du prêtre, c’est-à-dire accepter la vocation d’être sacrificateur et tout donné aux autres ad multos annos.
Grâce à sa lucidité, il avait une hauteur de vue sur les évènements sans jamais tomber dans le pessimisme. Ces dix dernières années, le médecin est devenu un bon patient vivant sagement, avec un esprit de forte espérance, les moments d’épreuves sanitaires, dans la foi, en tenant ferme sa plume et en s’émerveillant du mystère de la fécondité dans la fragilité. Cette décennie a été féconde en production littéraire et en participation à plusieurs rencontres littéraires de par le monde. Amoureux des voyages et désireux d’aller à la rencontre des amis, et des parents, le mois de février dernier, comme pour dire, un au revoir, il est venu au pays de Toffa. Il avait pleinement conscience qu’il irait chanter le Magnificat aux banquets éternels. Magnificat anima mea Dominum. Et exultavit spiritus meus in Deo salutari meo (Mon âme exalte le Seigneur,
Exulte mon esprit en Dieu, mon sauveur !).
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage !
Chacun de nous garde un souvenir inouï de lui, et surtout de sa délicatesse. De mon témoignage personnel, en tant que son petit neveu, j’ai été marqué par sa douceur et ses intelligences plurielles.
D’abord, sa douceur. Sa poésie était la résultante de cette douceur et elle devenait plus délicate au fil des vers poétiques maternellement engendrés depuis son cœur ouvert et simple.
Un amour naissant inonde le monde de poésie, un amour qui dure irrigue de poésie la vie quotidienne, la fin d’un amour nous rejette dans la prose (Edgar Morin).1
Ensuite, la multiplicité de ses intelligences faisait de lui un homme pratique et non théorique.
Visiteur d’un week-end, je l’ai vu faire les courses, préparer le déjeuner et le dîner pour nous deux, encore devant moi, il entretenait, de ses mains, les fleurs de son jardin, et puis il bricolait lorsque cela était nécessaire. Il fut un homme complet et pensant. Le temps, la pensée et l’écriture s’harmonisent admirablement en lui au point où la période de la retraite était devenue un vrai kairos pour l’homme doux, d’où son titre le plus symbolique : Le chant des cannes à sucre.
Enfin, j’ai la ferme conviction de foi que nous avons désormais un talentueux guide auprès du
Seigneur. Les nombreux mérites de son pèlerinage terrestre se bonifieront dans les demeures éternelles et feront de lui un ange-sentinelle accompagnant nos vies et nous consolidant sur nos chemins du bien et de la vérité. Et sur la terre des hommes et des femmes, que vient de quitter
Barnabé Laye, ses mots, sa pensée et ses vers sont laissés en héritage ad majorem Dei gloriam.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage !
Abbé Arnaud Eric AGUÉNOUNON
Directeur de l’IAJP/Chant d’Oiseau