Le débat sur la nomination de Pascal Nyamulinda, rwandais de nationalité à la tête de l’Anip se poursuit sur la toile. Fidèle Sonon , consultant en management des organisations a fait une analyse en trois points de cette nomination. Lisez l’intégralité de sa réflexion.
REFLEXION SUR LE RECRUTEMENT DE PASCAL NYAMULINDA A LA TETE DE L’ANIP
Les récentes questions au gouvernement du député Eric Houndété au sujet de la nomination d’un Rwandais à la direction de l’ANIP, ainsi que la réponse apportée, m’ont inspiré quelques réflexions.
UN DEBAT TECHNIQUE AVANT TOUT
Lorsqu’un défi nécessite une expertise technique pointue plutôt qu’une compétence en gestion organisationnelle, remplacer le dirigeant principal par un technicien peut être une solution inappropriée (et dans le cas présent, très imprudente).
Le gouvernement a bien exposé le problème mais a proposé une solution inadéquate. Un Directeur Général, a priori, n’est pas censé jouer un rôle technique, mais plutôt piloter stratégiquement l’organisation et exercer un pouvoir décisionnaire. Suite à ce diagnostic, le gouvernement aurait pu solliciter Monsieur Pascal Nyamulinda en tant que consultant/expert, avec un contrat spécifique comprenant des livrables clairs, notamment le transfert de compétences selon un calendrier défini. Ainsi, le poste de Directeur Général serait resté occupé par un citoyen béninois. Cette approche aurait résolu le problème identifié tout en minimisant les risques politiques. Le ministre a étalé le CV de Monsieur Pascal Nyamulinda comme si le député avait centré ses questions sur la compétence technique de l’intéressé. D’autre part, un député proche du pouvoir évoque la xénophobie. Lui qui dit mieux connaitre le Rwanda, je lui demanderais, par exemple, de nous indiquer si le patron du Rwanda Development Board (RDB), Monsieur Clare Akamanzi, est Béninois, Français, Américain ou Rwandais. Il serait également intéressant de savoir comment le Président Kagamé a constitué le RDB, qui dirige la plupart des grandes réformes de l’administration rwandaise. Ce n’est pas une question de xénophobie, mais plutôt de souveraineté et de sûreté nationale, des préoccupations partagées par tous les pays sérieux.
2. LE VER EST DANS LE FRUIT
En vérité, le ver est dans le fruit. Le gouvernement fait tout ceci « en parfaite légalité ». Il ne vous échappera pas que le ministre a fait allusion au décret 2018-283 du 04 juillet 2018 qui prend toute sa légalité de la loi 2017-43 du 02 juillet 2018 portant régime juridique d’emploi des collaborateurs externes de l’Etat et les lois modificatives du Statut Général de la Fonction Publique. Il vous souviendra aussi que le code des marchés publics a été modifié pour faire du conseil des ministres de « La Rupture » un instrument super puissant qui peut autoriser des marchés publics gré à gré sans limitation de montant. Ce sont les lois votées « les yeux fermés » par les députés de la fameuse 8ème législature. Nous sommes apparemment en train de regarder là où nous sommes tombés au lieu de là où nous avons trébuché. Si les députés actuels ne peuvent pas modifier certaines mauvaises lois de la 8ème législature, on n’est pas sorti de l’auberge. La vraie réponse aux questions du député Eric Houndété se trouve dans les mauvaises lois qui nécessitent une révision urgente
.3. OPACITE ET DEFICITE DEMOCRATIQUE
Enfin, le gouvernement, une fois encore, refuse de divulguer des chiffres de dépenses publiques à la représentation nationale, entravant ainsi le rôle de contrôle des députés.
Ce refus constitue une dérive démocratique et soulève des questions sur la transparence budgétaire, surtout après avoir adhéré au Open Budget Partnership. C’est à se demander comment les députés votent le budget général de l’Etat. Si un député en vient à poser ces questions, cela signifie que le parlement ne dispose d’aucun détail sur l’exécution des budgets précédents avant d’approuver ceux des années suivantes.
Qui contrôle alors les comptes du pouvoir Exécutif ?
Si ce n’est pas le parlement, est-la Cour des Comptes dont le président et les présidents de chambres ainsi que les conseillers sont tous nommés par le Président de la République? (Articles 134-4 et 134-5 de la nouvelle constitution du Benin). En conclusion, la nomination de Monsieur Pascal Nyamulinda soulève des préoccupations légitimes quant à la gouvernance et à la transparence, et invite à une réflexion sérieuse sur les processus décisionnels et les mécanismes de contrôle démocratique.
Fidèle SONON Consultant en Management des Organisations
4 Commentaires
Tout ça dans un pays où personne ne connaît exactement combien coûteraient le gouvernement et ses associés.
Dommage simplement. Mais tout a une fin
C’est nous-mêmes qui avons mis la corde à notre cou mais c’est pas encore fini
Merci docteur sonon
Le Bénin n’est pas une entreprise de quelqu’un
Il a mis tout en œuvre pour encore contrôler les élections de 2026
L ORTB qui est remplacé par SRTB montre bien le téléchargement de fraudes en cours
C’est au peuple d être très très vigilant
C’est quand même triste