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Opinion: «Il faut supprimer les salaires politiques et se limiter à des indemnités de fonction » Simon-Narcisse Tomety

  • avril 29, 2022
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Opinion: «Il faut supprimer les salaires politiques et se limiter à des indemnités de fonction » Simon-Narcisse Tomety

Le mal du continent africain est en partie dû à ses élites politiques et autres notamment pour leur goût prononcé pour l’argent au détriment de l’intérêt général affirme le Professeur Simon-Narcisse Tomety. Dans cette tribune que nous publions, il fait même le lien entre le terrorisme qui se développe actuellement sur le continent et ce goût de certains ”intellectuels” pour l’argent. Comme solution, il préconise que les salaires politiques y compris celui du président de la république soient limités à des indemnités de fonction à plafonner.

De l’esprit de profiteur à l’esprit de serviteur

La réforme du système partisan qui fera évoluer l’Afrique, c’est celle qui mettra fin à la dépendance des fonctions politique du pouvoir de l’argent. Comment peut-on comprendre que des fonctions politiques et politico-administratives soient des fonctions rentières pour profiter du bien commun et retarder l’avènement du bien-être des populations? C’est illogique et malsain!

N’est-il pas incohérent et inconséquent que les serviteurs du peuple, du moins ceux qui s’attribuent ce titre sacerdotal, soient ceux qui se servent en premiers et le peuple en dernier ? Paraît-il que les gros salaires politiques et politico-administratifs c’est pour éviter la corruption. C’est ridicule simplement parce que le lien entre pouvoir de l’argent  et le statut de politicien ne relève d’aucun bon sens découlant de l’éducation à la citoyenneté. Le serviteur s’enrichit et le servi s’appauvrit. C’est tout sauf une démarche de bon serviteur compassionnel.

Ça fait rire et c’est triste à la fois pour l’Afrique, un continent de grande misère. Nous allons de plus en plus parler de l’Afrique aux dirigeants africains à partir de photos prises dans les zones de tensions en Afrique pour que ces notables comprennent que le malheur de l’Afrique vient de la relation à l’argent facile de la classe politique.

Nous nous demandons si les dirigeants politiques africains se rendent compte qu’ils sont vus dénudés par les populations et les jeunesses africaines ? Ils projettent une image terriblement horrible et terrifiante d’où leurs comportements n’est pas à dissocier du terrorisme en Afrique.

Nous en parlons car plusieurs de nos travaux de terrain dans des zones envahis par le terrorisme aboutissent toujours à la relation à l’argent des politiciens pour appauvrir leurs propres peuples. Pour s’en convaincre, l’Union africaine doit organiser des visites guidées pour les chefs d’État, les présidents d’institutions, les ministres, les députés, les dirigeants des universités dans les sites abritant des populations déplacées du fait des pratiques de la terre brûlée de Boko Haram par exemple. 

Cette visite de terrain est indispensable pour appréhender les conditions de vie désespérées donc sans vie de plusieurs dizaines de milliers de gens qui ne peuvent plus produire, vivre de leurs productions et avoir une vie sociale normale. Comment veut-on comprendre le djihadisme à partir des bureaucraties africaines et les écrans de télévisions occidentales ? Non, il faut aller vivre la réalité. Les politiciens et certains faux intellectuels africains sont choqués de nous lire oubliant que nous autres, nous ne témoignons que sur la base de ce que nous voyons et vivons. Ce n’est pas dans les bureaux somptueux et les grands discours de bavardages inutiles qu’on lutte contre le terrorisme.

Nous savons ce que ça coûte lorsqu’il faut se faire escorter par des forces militarisées dans nos missions dans les zones à haut risque. C’est ici le lieu de rendre un témoignage de reconnaissance et de fraternité à tous ces soldats qui ont été avec nous dans diverses missions dans ces zones  que nous continuons de parcourir par devoir et pour notre engagement de panafricaniste.

Il existe une parfaite corrélation entre les salaires politiques et la révolte silencieuse des populations. Si nous ne voulons pas que l’avenir macabre du monde se joue demain en Afrique, la classe politique africaine doit rapidement se ressaisir pour devenir moins prétentieuse et moins gouvernande.

La politisation des fonctions administratives et de toute la fonction publique en Afrique n’est rien d’autre que l’argent qu’on gagne honnêtement et malhonnêtement quand on est assis sur un fauteuil politicien ou politico-administratif. Ce sont les fonctions les plus juteuses mais qui créent peu de richesses. Ce n’est pas pour rien que des fonctionnaires dits internationaux prennent des mises en disponibilité ou passent leurs retraites à rouler de portefeuille en portefeuille comme s’ils sont des espèces rares de développeurs en voie de disparition. Que de la mystification et même de l’arnaque.

Pauvre Afrique, tes intellectuels sont peu patriotes. Pour beaucoup, ils ne sont que des SANGSUES et des jouisseurs des fonctions politiques. Même à leurs retraites, ils veulent continuer avec leurs mentalités et comportements de jouisseurs au mépris de la misère grandissante des peuples africains. Quelle indécence!

Il faut mettre fin à tous les salaires politiques y compris le salaire du président de la république et se limiter à des indemnités de fonction à plafonner à 8 000 000 fcfa pour le PR et à 5 000 000 fcfa pour les ministres et présidents d’institutions et à 3 000 000 fcfa pour les députés avec suppression des indemnités de session. On oblige personne à faire la politique. C’est là qu’on mesurera le degré de patriotisme des dirigeants et s’assurera que ce n’est pas les salaires politiques qui les attirent.

Ceux qui nous chantent qu’ils viennent des institutions planétaires et trouvant ce plafonnement insuffisant n’ont qu’à libérer leurs postes, d’autres sont en attente pour servir la république. Il me faut parler du Bénin, mon pays et de l’Afrique, ma patrie.

Il faut cesser au Bénin de lier les fonctions politiques à l’argent et à la clochardisation des intellectuels. Il faut dépolluer toutes les hautes fonctions de l’État. De toutes les façons, c’est ma prophétie pour l’Afrique afin de restaurer l’esprit de serviteur et non l’esprit de profiteur qui consacre l’effet miel-mouche en politique.

J’ai écrit cette réflexion depuis une zone de haute tension liée au terrorisme, un phénomène qui ne me sera pas contée; j’ai vu de mes yeux, j’ai entendu de mes oreilles et j’ai commencé par comprendre à force d’y penser. 

Pour que les armes se taisent en Afrique, il faut que la politique cesse d’assimiler les peuples africains et les caisses des États à des vaches à traire dont on consomme et le lait et les carcasses sans se soucier de l’avenir des politiciens du futur et des générations futures.

Sahel, le 28 avril 2022 Simon-Narcisse Tomety

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