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Projet Marina à Ouidah : Amnesty International dénonce des expulsions forcées et des violations des droits humains (témoignages poignants des victimes)

  • janvier 9, 2025
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Projet Marina à Ouidah : Amnesty International dénonce des expulsions forcées et des violations des droits humains (témoignages poignants des victimes)

Depuis 2021, plusieurs expulsions forcées ont été menées au Bénin dans le cadre de projets de développement touristique et d’aménagement du littoral. Un rapport d’Amnesty International dénonce les conditions dans lesquelles ces évictions ont été effectuées, mettant en lumière des violations du droit béninois et international. À Djègbadji, où 234 personnes ont été expulsées pour laisser place à un projet de « Marina », les témoignages font état d’un manque criant de respect des procédures légales. Les habitants ont été expulsés sans préavis suffisant, ni documents officiels, et sans orientation adéquate. Selon une ancienne résidente, « on nous avait dit qu’ils allaient venir casser, mais ils n’avaient pas donné de date exacte ».Malgré les exigences des lois béninoises et des normes internationales, les expulsions ont souvent été menées dans l’urgence, laissant les habitants sans délai raisonnable pour se préparer. Beaucoup n’ont reçu aucune documentation officielle expliquant leur situation ni les recours possibles. Par ailleurs, l’absence de consultation préalable et d’accompagnement a accentué leur vulnérabilité. Certains témoignages indiquent que des machines sont arrivées sur place seulement trois jours avant la destruction des habitations, ce qui a renforcé le sentiment de dénuement et d’injustice.Bien que des indemnités aient été promises, leur versement n’a pas toujours été effectué avant les expulsions, et les montants accordés ont été jugés insuffisants par de nombreuses familles. En raison de la complexité des procédures administratives, plusieurs personnes ont renoncé à leurs démarches, se retrouvant sans aucun soutien financier. Cette situation témoigne d’un manque d’attention aux conséquences humaines des projets de développement, où les droits des populations locales sont souvent relégués au second plan.

Corpus des témoignages Déroulement des expulsions et l’indemnisation.

DÉROULEMENT DES EXPULSIONS

Le jour de la destruction des habitations de Djègbadji, il n’y avait pas de journalistes mais des policiers étaient là. Personne ne s’est opposé, on sait ici ce que ça donne, si tu résistes tu te fais arrêter », a déclaré une personne expulsée présente ce jour.Justin Djossou habitait dans un logement qu’un « étranger » le laissait occuper gracieusement. Selon son témoignage à Amnesty International, les habitants n’ont pas été autorisés à récupérer les cocotiers déracinés lors des démolitions, qui auraient pu servir à la construction de nouvelles habitations. Justin Djossou, qui élevait des lapins, a déclaré en avoir perdu 73 avant son expulsion, « parce que les ouvriers faisaient des trous dans les clôtures des gens qui ne voulaient pas partir pour les forcer à quitter ».Un autre interlocuteur a déclaré à Amnesty International :<< Même si les gens avaient été informés de leur obligation de quitter les lieux, il fallait avoir de l’argent pour ramasser et déplacer ses effets. On a récupéré quelques briques mais on a laissé le reste.Beaucoup de personnes ont pleuré ce jour-là.»>

Les membres d’une famille expulsée ont déclaré : « Un jour ils ont amené le Caterpillar sur le carrefour, et ont dit qu’ils allaient nous casser. On a commencé à ramasser nos affaires, à prendre des tuiles. Mais les machines ont cassé des briques. Si on avait gardé nos briques, nos maisons ne seraient pas en paille comme ça. » .

Un autre jour ils ont amené le Caterpillar sur le carrefour, et dit qu’ils allaient casser. Ona commencé à ramasser nos affaires, à prendre des tuiles. » Selon une autre personne expulsée de Djègbadji : « Nous ne sommes pas assez informés et de toute façon c’est l’État, on n’a pas de pouvoir ».

INDEMNISATION

Le 22 janvier 2020, soit plus d’un an avant les expulsions, le conseil des ministres avait « approuvé les montants d’indemnisation et de dédommagement des personnes affectées par le projet d’aménagementd’un complexe touristique « Marina » à Djègbadji (Ouidah) ».Néanmoins, le 5 octobre 2022 le ministre de l’Économie et des Finances, également président des commissions d’expropriation, a annoncé dans un communiqué que « les paiements des montants d’indemnisation au titre du dédommagement ont démarré et se poursuivent » pour les personnes affectées à Djègbadji, suggérant ainsi que l’ensemble des personnes concernées n’avaient pas été dédommagées à cette date.Plusieurs membres d’une même famille ont déclaré à Amnesty International avoir reçu une somme d’argent seulement << des mois après avoir été cassés ».

Au vu de ces informations, il semble que tous les habitants expulsés de Djègbadji n’ont pas bénéficié d’une indemnisation préalable, comme le requièrent le droit béninois et les droits et principes du droitinternational.Par ailleurs, des personnes expulsées estiment que les indemnisations n’ont pas été justes, et d’autres n’ont pas bénéficié d’indemnisation.

Un ancien élu de Ouidah dont la maison a été détruite a déclaré : « Les dédommagements ont été très arbitraires. J’avais pris un expert pour évaluer ma propriété. L’évaluation était de 64 millions francs CFA (environ 97 000 €) mais on m’a remis 12 millions francs CFA (environ 18 000€). >.

Une autre personne a déclaré à Amnesty International avoir reçu 1 200 000 francs CFA (environ 1 840 €)pour la perte de son habitation construite en briques :<< Je ne peux pas appeler ça un dédommagement. Ça ne suffit même pas pour acheter une parcelle, qui coûte dans les cinq millions de francs CFA actuellement. >> Une famille expulsée a déclaré : « Ce sont nos oncles à Cotonou qui ont récupéré l’argent. Il y avait 15millions francs CFA (22 847 €), qui ont été partagés en trois groupes au sein de la famille. Nous avons eu cinq millions de francs CFA. Cela ne suffit pas du tout. Nous avions des gens en location donc nous touchions des loyers.

Et nous avons beaucoup dépensé pour les procédures et les documents nécessaires. »Selon Firmin Zounyekpe Kouassi, les autorités ont nié son droit à une indemnisation au prétexte qu’il habitait sur le domaine public, contrairement aux obligations et principes du droit international.Enfin, des personnes ont déclaré ne pas avoir été indemnisées car elles ont abandonné les procédures administratives, en raison de leur complexité et de leur coût. «On a couru partout pour faire les papiers, et le peu qu’on avait on l’a dépensé. »« Michèle », commerçante, a déclaré que son père .

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Samuel HOUNDJO

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