L’ancien vice-président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, HAAC, Noël ALLAGBADA rend hommage à Jérôme Carlos. Ceci dans le cadre de l’initiative Trente jours d’hommage à Jérôme Carlos.
Jérôme CARLOS : un nom, une légende. Pendant longtemps, Jérôme CARLOS a été pour moi un nom. Mais pas un nom quelconque. Celui d’un des premiers athlètes du Dahomey en ces premières années de son indépendance. En effet, j’avais entendu parler du champion national de saut en hauteur avec son bond remarquable de plus de 2 mètres ; quasiment une légende pour la jeunesse, en particulier, celle qui avait de l’intérêt pour le sport. Jérôme CARLOS, un nom, une légende jusqu’à ce jour d’Avril 1975 où je me suis trouvé en face de lui. Jeune journaliste affecté à la radiodiffusion nationale, avec Hospice Noudèhou, Jérôme CARLOS qui venait d’être nommé Directeur Général de l’Office National d’Edition, de Presse et d’Imprimerie (ONEPI), n’avait pas hésité à demander au ministre Martin Dohou AZONHIHO, au cours d’une assemblée générale des journalistes dans les locaux de la radiodiffusion nationale, que nous rejoignons le quotidien national d’information DAHO-EXPRESS en notre qualité de journalistes de la presse écrite. Dès le lendemain, Hospice et moi étions sur notre nouveau lieu de travail, où très vite nous allons nous trouver face à un Directeur général dont la méthode de travail, et surtout la conception des rapports humains vont être pour nous une expérience passionnante d’introduction à la vie active. Jérôme CARLOS ne faisait pas de différence entre son bureau de directeur général et la salle de rédaction. Et pour cause ! L’animation quotidienne du journal était érigée au même niveau de préoccupation que la gestion et l’administration de l’entreprise que l’État révolutionnaire lui avait confiée. C’est avec lui que nous ferons l’expérience de l’éditorial journalier dont il se chargeait de la rédaction. Avec Jérôme CARLOS, la pratique du métier de journaliste a été pour moi un exercice quotidien de partage des idées pour arriver à mettre à la disposition du public un produit dont le contenu contribue effectivement à la formation du sens civique de chacun et de tous.Chaque jour, aux environs de 18h, le rituel était respecté. Le directeur général se présentait à la rédaction avec son papier. Il nous le lisait d’un bout à l’autre et recueillait nos observations et…corrections ! Oui, nous lui faisons part de nos appréciations sur tout le contenu de ce qui était considéré comme l’élément fondamental de l’édition du jour, et dont la responsabilité première lui incombait. Ce n’est qu’après cette concertation qu’il prenait la route de Porto Novo, cette ville chère à son cœur. En nous quittant, il n’hésitait pas à nous instruire pour corriger ce qui pourrait encore l’être dans son élaboration, mais surtout de veiller aux tâches de secrétariat de rédaction. Voilà l’ambiance de travail avec Jérôme Carlos, mon premier patron dans mes premiers pas dans le journalisme, jusqu’à un certain matin du mois de juin 1975. Ce jour-là, il était arrivé à son lieu de travail comme d’habitude alors que le pays avait été réveillé par un communiqué radiodiffusé dont le contenu avait semé de l’émoi bien au-delà du Dahomey. La mort du capitaine Michel Aikpe, mais surtout les conditions et la forme dont cet événement tragique a été porté à la connaissance du public par le Gouvernement Militaire Révolutionnaire (GMR) ont été pour le Directeur général de Daho- Express un tournant radical dans son engagement au service du pays. Ce tournant, il l’a assumé en prenant le chemin de l’exil dont il ne reviendra qu’après plus de deux décennies. Pour reprendre sa place dans les rangs des entrepreneurs des médias. Une place de tout premier plan avec la radio CAPP FM dont il a su faire un efficace instrument d’information et de développement.
Noêl ALLAGBADA, ancien vice-président de la HAAC
