Economie

Un sommet pour sortir l’Afrique de la crise et financer son développement

  • mai 16, 2021
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Un sommet pour sortir l’Afrique de la crise et financer son développement

Le président français Emmanuel Macron réunit mardi dirigeants africains et européens, ainsi que des institutions multilatérales, pour tenter de trouver des solutions inédites à la crise de financement d’une Afrique qui aspire à maîtriser son développement et à s’extraire du piège de la dette.

Ce “Sommet sur le financement des économies africaines” accueillera à Paris au Grand Palais ainsi qu’en visioconférence une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement, et des dirigeants d’organisations internationales. 

L’idée de cette conférence a germé à l’automne, quand le Fonds monétaire international a calculé que l’Afrique risquait de se heurter à un déficit de financement (“financial gap”) de 290 milliards de dollars d’ici 2023.

Certes, la croissance du continent, qui a connu sa première récession en un demi-siècle l’an passé (-2,1%), devrait rebondir de 3,4% en 2021 et de 4% en 2022. 

Le moratoire sur le service de la dette publique mis en place dès avril 2020 à l’initiative du Club de Paris et du G20 a également permis de donner un peu d’air, en suspendant le paiement de 5,7 milliards d’euros d’intérêt au bénéfice d’une cinquantaine de pays.

Et le G20 a réussi à convaincre la Chine, de loin le plus gros créancier bilatéral du continent, et les créanciers privés, de prendre part  aux futures renégociations de dette. 

Mais cela ne suffira pas. “Nous ne pouvons pas faire avec les recettes d’hier” alors que “nous sommes collectivement en train d’abandonner l’Afrique à des solutions qui datent des années 60”, a estimé Emmanuel Macron fin avril, appelant à un “New Deal du financement de l’Afrique”. 

Et le chef d’Etat français de mettre en garde contre le risque d’un effet boomerang, entre “réduction des opportunités économiques”, “migration subie” et “expansion du terrorisme”. 

Sans parler de la pandémie de Covid-19. Le continent ne déplore que 130.000 morts mais “seule une victoire totale, incluant pleinement l’Afrique, pourra venir à bout de cette pandémie”, ont mis en garde 18 dirigeants africains et européens dans une tribune publiée dans Jeune Afrique mi-avril. 

– “Dialogue exigeant” –

Réclamant un “moratoire immédiat sur le service de toutes les dettes extérieures (…) jusqu’à la fin de la pandémie” et une sanctuarisation de l’aide au développement, ils ont également exhorté le FMI à attribuer des droits de tirage spéciaux (DTS) aux pays africains pour leur fournir “les liquidités indispensables à l’achat de produits de base et de matériel médical essentiel”. 

Si le principe d’une émission de DTS de 650 milliards de dollars, dont 34 seront alloués à l’Afrique, est acquis, son montant est jugé insuffisant, selon la présidence française, qui suggère une vente de l’or du FMI pour alimenter des prêts à taux zéro aux pays africains.

Les conditions posées par le FMI en échange de son soutien continuent aussi de faire débat. 

Lundi, le président de Côte d’Ivoire Alassane Ouattara l’a appelé à autoriser les pays africains à laisser un peu plus filer leur déficit budgétaire. Avec plus de marge, ils pourraient “mieux affronter la pandémie” et “financer les dépenses urgentes de lutte contre le terrorisme”, a-t-il fait valoir, citant l’exemple de son propre pays, frontalier du Burkina Faso et du Mali confrontés au terrorisme. 

De son côté, Oxfam réclame que le FMI et la Banque mondiale renoncent aux “conditionnalités fiscales injustes ou régressives dans le cadre de leurs prêts et programmes”. Selon l’ONG, l’institution basée à Washington a par exemple exigé du Nigeria une hausse de la TVA pénalisante pour les ménages les plus pauvres. 

Mais l’investissement privé devra aussi être mobilisé pour financer le développement d’un continent qui aspire à sortir de la logique de l’assistance.

Face à l’afflux inédit de liquidités, l’Afrique a des “actifs longs à proposer, comme les infrastructures ou les centrales électriques”, a expliqué à l’AFP Serge Ekué, le président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). 

“Le développement moderne passe par là, par un dialogue exigeant avec les investisseurs privés”, et pas seulement par les dons, ajoute ce banquier chevronné passé par Natixis.

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