- Dans cette tribune que nous publions, le Professeur Simon-Narcisse Tomety dénonce une fois encore l’hypocrisie de la classe politique béninoise qui contribue à bâtir un régime totalitaire. Il met en garde contre le potentiel explosif que constitue cette situation.
L’État de droit : une mystification de la mystique du pouvoir en Afrique
L’État de droit n’est pas incompatible avec le désir permanent de dialoguer avec les forces d’opposition qu’il faut arrêter de prendre pour des forces du mal. Quel est ce bizarre pays où le Chef de l’État ne dispose d’aucun espace de rencontre et de dialogue avec ceux qui ne sont pas de son bord politique?
Quel est ce pays d’égarement où seule et tout le temps, c’est une mouvance totalitariste qui a raison sur tout et ne se trompe jamais?
Les mêmes habitudes furent celles ayant prévalu sous monsieur Yayi et encore aujourd’hui sous monsieur Talon. Le paradoxe, c’est que les mouvanciers d’hier sont les mêmes que ceux qui nous dictent encore leurs volontés aujourd’hui à l’exception des néo-opportunistes.
Ça ne fait pas sérieux et crédible de voir le Bénin sur tout sujet politique comme un terrain de guerre ou d’affrontements avec des intérêts de clans. Ne sommes-nous pas tentés de considérer que la classe politique béninoise est faite plus pour les systèmes de pensées totalitaristes que démocratiques. Est-ce que nos origines féodales peuvent-elles justifier notre conception mercantile et autoritariste de la politique? Question à méditer!
Dans un an, nous franchirons six décennies soit près de trois générations de vie, et c’est toujours la haine et la manipulation qui restent notre seule pratique de la politique. C’est piteux ! En définitive, qui défend les intérêts du peuple souverain?
L’argent et les honneurs ont anéanti nos consciences collectives et on se demande s’il y a vraiment un liant symbolique et affectif par lequel tous les Béninois se reconnaissent. J’ai honte que les cadres béninois et les hommes d’affaires nous manipulent et nous opposent en permanence pour assouvir leurs orgueils et intérêts personnels.
Je suis peiné de voir cette forêt de PARVENUS, de gens qui, en temps normal, ne devraient même pas ouvrir leurs bouches pour nous donner de leçons parce qu’ils sont les derniers de la classe de la morale et de l’éthique.
L’État de droit est-il devenu l’État de guerre au Bénin? Tout le monde a peur parce que le système ne tolère ni contradiction ni désaccord. Devrions-nous passer toute notre vie dans l’hypocrisie en cachant nos sentiments? C’est inadmissible!
La dictature prospérant dans les espaces privés de paroles, elle finit par faire de chaque frustré un explosif ambulant. C’est bien connu en polémologie et nous ne voulons pas que le Bénin devienne un vivier d’hypocrites et de frustrés dangereux. C’est pourquoi en Néophilosophie africaine, nous considérons le primat du dialogue sur L’État de droit, surtout que les parlements africains sont rarement sages pour voter des lois les yeux ouverts et en toute conscience empathique dans l’intérêt du peuple souverain.
Faisons attention avec nos excès et animosités dans tous les camps. Tout orgueil fondé sur l’accumulation de biens est comme de la glace sous le soleil.
Que l’Éternel injecte une forte dose de spiritualité positive dans la conscience de ceux qui revendiquent une identité de mouvance présidentielle et aussi de ceux qui ont perdu cette posture avec ses privilèges aujourd’hui.
Vive le peuple béninois souverain qui a désormais le sifflet d’arbitre.
Simon-Narcisse Tomety
22 février 2019
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